Ce n’est que pour un regard qui aurait renoncé au prisme du conflit politique que la situation actuelle peut sembler opaque. En réalité, il y a longtemps qu’elle n’a pas été aussi crûment clarifiée. La dite « crise » sanitaire permet aux hommes de pouvoir de légitimer le sacrifice de bien des vies, et de ce qui s’expérimentait encore comme libertés, au maintien à tout prix de la logique même qui est la cause réelle du désastre global dont la pandémie est un effet local : celle qui voue un culte aux « lois » de l’économie, c’est-à-dire aux dispositifs qui permettent la concentration du capital.
La défense de cette logique aboutit sans doute à une configuration nouvelle du pouvoir, que l’on pourra tenter d’analyser. Mais il faudra surtout essayer de cerner la manière dont peuvent se constituer les scènes sur lesquelles, ou dans lesquelles, quelques-un(e)s s’efforcent de mettre en question le cours des choses. De telles scènes peuvent être envisagées selon un modèle théâtral, ou selon un modèle cinématographique. Dans ce cas, les scènes de la politique sont des espaces où coexistent des situations hétéroclites (luttes écologiques, luttes « citoyennes », etc.), comme des plans qui proviendraient de sources différentes, mais parviendraient néanmoins à s’assembler par la force du montage. Il s’agit de voir si ce dernier peut être ici plus qu’une métaphore. Ce qui nous obligera à requestionner la manière dont l’art et la politique peuvent se soutenir, sans se substituer l’un à l’autre.
Bernard Aspe est invité à l’école des beaux-arts de Saint-Étienne (ESADSE, 3 rue Javelin Pagnon) pour trois conférences :
- jeudi 18 novembre 2021 ⁄ 18:00
- jeudi 2 décembre 2021 ⁄ 18:00
- jeudi 13 janvier 2022 ⁄ 18:00
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