Trente mille métallurgistes étaient abonnés collectivement au journal socialiste belge : « La Wallonie » où Victor Serge, journaliste professionnel, traçait, plume rouge des portraits émouvants dans l’encre noire, et écrivait une chronique hebdomadaire après sa libération du pays du Mensonge déconcertant, cette URSS aux prises avec l’ogre Staline, paranoïaque plénipotentiaire qui purgeait du pays tous les bolchéviques de la première heure ; abattant les trotskistes, alors « agents de la Gestapo », et les anarchistes jusqu’en Espagne.
Victor Serge évoque sans complaisance la situation à Moscou, comme à Barcelone avec une saine clairvoyance. Ses hommages et nécrologies, telles celles de Gramsci, Gorki ou Garcia Llorca sont d’une grande force et parlent comme un tableau. L’assassinat des frères Rosseli sur une route déserte de Normandie, par les spadassins de l’Italie fasciste indignera encore.
L’évocation du Birobidjan, cet état juif en bordure du fleuve Amour laissera songeur comme la tentative finlandaise en 1918 de créer une nouvelle démocratie. La vague de suicides en Autriche après l’Anschluss, les camps de concentration en Allemagne, le chroniqueur se saisit de tout après que « Vienne était rouge, magnifiquement ouvrière, gérée par une municipalité socialiste qui en avait fait l’entreprise d’utilité publique la plus florissante d’Europe ». Agone a réuni là les meilleures chroniques d’un révolutionnaire.
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