L’émission (1 heure) comporte :
Une opposition entre une analyse matérialiste et une analyse conspirationniste de l’histoire, la première raisonnant en termes de rapports de domination et de compétition structurels ou de processus impersonnels, l’autre en termes de machination ourdie par une minorité secrète et malveillante, notamment à travers l’exemple du coronavirus et du documentaire Hold-Up ;
Une distinction entre conspirationnisme, théorie totale d’explication de l’histoire comme produit d’une même conspiration déclinée en une multitude de complots, et théorie du complot, théorie spécifique d’explication d’un phénomène social, politique, économique ou géopolitique en termes de complot ;
Une critique de l’anti-conspirationnisme conservateur, psychologisant et teinté de mépris de classe (et raciste) de Conspiracy Watch et de Pierre-André Taguieff ;
Une critique de l’anti-conspirationnisme confusionniste de l’Institut Jean Jaurès, qui place sur un même plan l’adhésion à une théorie du complot antisémite et à une théorie du complot anti-multinationales ;
Une analyse matérialiste de l’adhésion aux théories conspirationnistes, basée sur une politisation des indignations individuelles, une volonté d’identifier des figures responsables de leur malheur et une recherche d’analyses alternatives aux médias dominants, même si elles aboutissent toujours à une impasse théorique et politique ;
Une distinction entre théories conspirationnistes explicitement racistes ou antisémites et théories conspirationnistes anti-dominants, même si ces dernières peuvent toujours basculer sur un mode antisémite, islamophobe ou encore sinophobe ;
Un rappel qu’une analyse matérialiste considère qu’il existe bien des agissements secrets des dominants au sein des entreprises et des États, que ceux-ci cherchent bien à accroître leurs profits et leur puissance et ne se contentent pas d’une reproduction « automate » de l’ordre existant, mais que ceux-ci ne forment pas pour autant des conspirateurs puisqu’ils n’agissent pas principalement au sein de sociétés secrètes mais tout simplement au sein des gouvernements, protégés par le « secret d’État », et des entreprises, protégés par le secret des affaires, s’inscrivant donc dans l’ordinaire des rapports de domination et non dans une excroissance machiavélique ;
Une analyse critique des racines du conspirationnisme majoritaire, celui des dominants (blancs et/ou de classe moyenne ou dominante) et des États (créateurs de théories du complot contre-révolutionnaires et de théories conspirationnistes comme Les Protocoles des Sages de Sions) ;
Une tentative d’analyse matérialiste des conditions de production et d’adhésion aux théories conspirationnistes, notamment antisémites ;
Un appel à un dépassement d’une posture purement anti-conspirationniste, et à une analyse honnête des raisons du succès des théories conspirationnistes, plus simples et moins auto-critiques que des théories matérialistes, et plus compatibles avec une préservation de l’ordre existant et des privilèges qu’on en retire en tant qu’homme, que blanc, que non-juif ou que de classe moyenne ou bourgeoise ;
Une conclusion en forme d’avertissement aux conspirationnistes prétendant s’attaquer au « système » et en réalité défendant leurs privilèges aux dépens de minorités raciales, contribuant ainsi à un affaiblissement des luttes anticapitalistes.
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