Communiqué de la Cimade Loire
Projet de loi asile et immigration : Le Sénat adopte un texte aux mesures indignes, absurdes et dangereuses
Le Sénat a adopté le projet de loi asile/immigration, à l’issue d’une semaine de débats particulièrement éprouvante et dramatique.
Le 6 novembre, des personnes exilées soutenues par des associations solidaires ont organisé une conférence de presse pour dénoncer les conséquences du texte sur les conditions de vie des personnes migrantes ; d’autres déclarations en ce sens, soutenues et relayées par plusieurs parlementaires, ont été formulées devant le Sénat.
Au fil des jours, l’examen du texte au Sénat a égrené son lot de mesures indignes, absurdes et dangereuses, portées par les parlementaires et aussi par le gouvernement, durcissant un texte déjà très inquiétant dès son origine.
La liste pourtant non exhaustive donne le vertige :
- Suppression de l’Aide Médicale d’État
- Restriction du droit de vivre en famille via le regroupement familial, la réunification familiale ou les titres de séjour pour motifs
- Suppression des articles, portant sur la régularisation dans les métiers en tension ou l’accès au travail des demandeurs d’asile
- Restriction des conditions d’accès à la nationalité française
- Renforcement de la double peine
- Rétablissement du délit de séjour irrégulier
- Mise à mal des protections contre les expulsions (OQTF), au détriment de tout discernement et de toute considération humaine
- Durcissement de la rétention administrative, notamment pour les demandeurs d’asile, facilitation des expulsions sans que la légalité de l’interpellation et le respect des droits ne soient examinés par le juge des libertés et de la détention.
Mais au-delà de l’examen parlementaire, le débat médiatique s’y rapportant s’est montré dramatique, distillant, y compris sur des médias de service public, son lot d’émissions et de propos anti-migration stigmatisants, caricaturaux, voire haineux.
Que dit l’adoption de ce texte à une large majorité de la chambre haute ?
Que la raison a déserté l’hémicycle sénatorial, majoritairement intoxiqué par l’air rance du temps, obsédé d’un prétendu danger migratoire, primant sur toute autre considération.
Que le gouvernement, à la recherche d’un compromis impossible sur un texte dangereux, accompagne ce mouvement au détriment des personnes migrantes, réduites à des chiffres et statistiques déshumanisés et, qu’à l’occasion d’un marchandage électoral, il sacrifie toute préoccupation toute vision d’avenir pour notre société.
Que le processus parlementaire en cours est dramatique, qu’il conforte un climat social, politique et médiatique saturé de préjugés, de rejet de l’Autre, minant chaque jour un peu plus notre cohésion sociale et notre
démocratie.Qu’il nous faut malgré cela continuer, notamment dans la perspective du débat à l’Assemblée nationale, à se mobiliser contre ce texte, à marteler que d’autres politiques migratoires sont possibles, que l’accueil et la
solidarité puissent encore exister au pays des droits humains.Vu l’ampleur de la tâche et du climat ambiant, il est indispensable que toute la société (responsables politiques, médias, syndicats, corps intermédiaires, société civile, citoyennes et citoyens…) prenne conscience de l’urgence de se positionner dans ce débat et de se mobiliser.
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