Le 22 Décembre 1997 restera une date noire dans l’histoire du Chiapas : le pire massacre jamais perpétré tuant 45 indigènes tzotziles particulièrement femmes, enfants et bébés. Ce jour là , plus de 300 paramilitaires ont encerclé la communauté d’Actéal, siège de la Société Civile Las Abejas – Les Abeilles -, et sont arrivés dans l’église où femmes et enfants s’étaient réunis pour prier et jeûner pour la fin des violences et des déplacements dans la municipalité de Chenalho. Les paramilitaires armés et formés par le gouvernement, eux-mêmes indigènes, parfois de la même famille que les victimes, ont pénétré dans l’église et tiré à l’aveugle semant la panique.
Pendant plus de 5 heures le massacre a continué, certains paramilitaires, après avoir sorti et tué les bébés du ventre de leur mère, violèrent les femmes et les tuèrent ensuite. Plus de 45 victimes ont été dénombrées. Ni la police, placée à moins de 200 mètres de la communauté, ni même l’armée, à moins de 500 mètres, n’ont réagi. Ce sont les zapatistes de Polho qui ont prévenu San Cristobal de Las Casas.
Immédiatement un grand nombre de journalistes et personnalités se rendirent sur place, mais l’armée bloquait le passage, afin d’effacer toutes preuves et emmener les corps à Tuxtla Guitierrez capitale de l’état, où les corps subirent une autopsie.
Jamais le résultat de ces autopsies n’a été communiqué. Les familles des victimes ont dû se rendre dans cette ville située à plus de deux heures de leur communauté pour reconnaître les corps. Le gouvernement a nié toute implication, dénonçant une lutte inter-communautaire entre peuples indigènes. Mais le jour de noël, alors que les intégrants de la société civile enterrait leurs morts, un camion de la police municipale passait devant la communauté avec à son bord près de 80 paramilitaires qui avaient participé aux faits. Ceux-ci reconnus durent se rendre en prison immédiatement pour purger des peines de 30 à 40 ans lors d’un procès bâclé suite aux pressions.
Aujourd’hui, et malgré les fortes contestations des survivants et des familles des victimes, le gouvernement a décidé par le biais de la Cour Suprême de Justice de la Nation – SCJN - de libérer 22 d’entre eux, et possiblement 38 autres dans les prochaines semaines.
Cette décision montre une fois de plus le désintérêt du gouvernement pour arriver à la justice. 30 ordres d’appréhensions sont toujours en vigueur et la seule réponse de la justice est la libération de 22 criminels pour faute de preuves.
Cette décision est une nouvelle étape dans la guerre de basse intensité contre les communautés indigènes autonomes en résistance. Un message fort qui offre l’impunité aux paramilitaires. Un déni total du droit à la justice.
L’ONU, par le biais de son représentant au Mexique, Alberto Brunori, comme de nombreuses autres ONG, a dénoncé cette libération et demande une investigation neutre et minutieuse d’urgence pour arrêter les coupables.
Las Abejas craignent fortement le retour des paramilitaires qu’ils avaient eux-mêmes reconnus à visage découvert le jour du jugement dans leur communauté. Plusieurs marches et manifestations ont été organisées à San Cristobal et à Mexico Ciudad pour dénoncer cette décision.
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