Belgacom (l’équivalent de France Télécom pour la Belgique.) va lancer dès lundi un test d’analyse du trafic internet pour le compte de la CCU (la Computer Crime Unit, une unité de la police fédérale qui lutte contre la criminalité informatique). L’information a été dévoilée jeudi par la « Dernière Heure ».
Les « clients » qui feront l’objet de ce test seront en réalité les agents de la CCU eux-mêmes et l’opération est destinée à valider un équipement de la firme israélienne Nice. Le trafic des connexions ADSL, une fois séparé du trafic téléphonique, est acheminé sur le réseau à très haut débit en fibres optiques de l’opérateur, qui charrie simultanément les données de milliers d’abonnés. Un duplicateur optique va permettre de dévier une copie exacte de ces données vers un puissant ordinateur sur lequel les logiciels de Nice seront installés. Ceux-ci pourront alors détecter les petits paquets d’informations en provenance de l’internaute que l’on a ciblé et reconstituer toutes ses communications, qu’il s’agisse d’un e-mail, d’un « chat » ou de la visualisation d’une page web.
Si l’opération est parfaitement légale, elle diffère cependant des écoutes téléphoniques classiques. Dans le cas de l’écoute d’une conversation, c’est la ligne fixe bien identifiée d’un abonné que l’on va mettre sous contrôle.
Mais dans le cas du test qui va débuter lundi prochain, c’est l’ensemble du trafic internet d’une partie de Bruxelles qui devrait être scanné, pour que l’on tente d’y détecter les communications des policiers qui joueront le rôle de cobayes. A plus long terme, heureusement, le système pourrait être affiné et ne plus rendre indispensable les recherches sur un tel volume de trafic internet, note un proche du dossier.
Belgacom - qui s’est refusé à tout commentaire - ne sera pas le seul opérateur concerné. Si les tests sont concluants, l’ensemble des fournisseurs d’accès en Belgique devront installer à leur tour un tel système à la demande des autorités judiciaires. Les coûts du système d’écoute seront à charge des pouvoirs publics mais le fournisseur d’accès à l’internet devra cependant financer l’équipement informatique indispensable à son utilisation par les services de police concernés.
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