Dans un moment historique où la répression est toujours plus forte et notre capacité d’action de plus en plus limitée, nous sentons la nécessité de nous organiser toujours mieux, en essayant de réfléchir ensemble pour réagir. Des luttes contre les CRA [1] à celles contre les rafles, contre les déportations et le système de discrimination et sélections des personnes, contre le système de répression et le contrôle étatique et policier autour de nous, la frontière est partout. Croiser des expériences de luttes de différentes villes et moyens d’action est fondamental.
A la frontière, la situation évolue en permanence, mais reste fondamentalement la même. Les gens continuent à chercher à traverser ces montagnes pour arriver en France et ailleurs en Europe. La répression policière est toujours présente et violente. La journée, les flics aiment bien s’habiller comme des randonneurs pour arrêter les migrants de passage, la nuit ils se cachent dans les bosquets, souvent avec des lunettes thermiques et de fortes lampes, pour surprendre les gens qui traversent. Ils sortent des pistolets en menaçant de tirer sur les gens s’ils ne s’arrêtent pas.
Ce n’est pas nouveau, la frontière est un terrain d’entrainement pour les forces de police et militaires françaises et pour tester leurs technologies. Par contre, l’alliance et la coopération entre les polices italiennes et françaises se renforce, ainsi que la pression sur celleux qui veulent agir contre la folie des frontières.
Face à ça, plein de formes de solidarité et de résistance et lutte ont été mises en place depuis plusieurs années. Des lieux d’accueil et des lieux de lutte ont été ouverts dans le briançonnais et dans la vallée de Susa. Des gens cherchent à casser le système de contrôle et de sélection qu’est la frontière (présences en montagne, manifs, blocages, campings, Passamontagna, etc.)
Parmi ces lieux, la Casa Cantoniera Occupata, maison squattée à Oulx après l’expulsion du refuge autogéré Chez Jésus à Claviere. Occupée en décembre, la Casa est un lieu antiraciste, antisexiste, antifasciste et où on lutte contre tous les autoritarismes, les Etats et leur frontières et les keufs qui les contrôlent.
Oulx, carrefour obligé sur la route vers la France, est à 10 km de la frontière physique. La Casa est un lieu autogéré pour toutes celleux qui veulent s’organiser contre le dispositif frontalier, pour celleux qui veulent le franchir ou le détruire.
Le risque d’expulsion reste arbitraire, mais est de plus en plus présent. La maison est en effet un enjeu politique pour les autorités italiennes. Il existe une surveillance et un fichage quotidien, notamment à la gare d’Oulx, de la part de la police italienne qui contrôle les papiers d’identité des personnes qui passent du temps à la Casa où qui rentrent en contact avec les exillé.e.s.
Nous sommes bientôt à la nouvelle saison touristique, et nous savons que les intérêts touristiques (et donc économiques) figurent parmi les priorités de l’ordre public dans la gestion de la frontière. Il n’y aura donc pas d’hésitation à amplifier la répression, à améliorer sa logistique, à faire en sorte que les misères des un.e.s ne s’opposent pas aux privilèges des autres.
Ici, dans la Casa Cantoniera occupée de Oulx, la lutte contre les frontières est constante et continue, mais elle nécessite toujours des forces, des idées et des énergies supplémentaires.
Nous lançons un appel à toutes celleux qui veulent agir avec nous dès maintenant et pour tout l’été.
En ce moment, nous ne sommes pas assez nombreuses et il y a plein de choses à penser et à faire. A la Casa, ainsi que dans d’autres lieux sur Briançon, il y a toujours la place pour dormir.
Si tu sais quand tu veux venir, c’est cool de nous prévenir.
N’hésite pas à venir en crew, et avec ta voiture : ici elles sont utiles et précieuses.
Comprendre et saisir les enjeux prend du temps : c’est toujours mieux de venir au moins une semaine, ou plusieurs.
Malgré toutes ces étincelles, la frontière n’a pas encore brulé. Ramène tes allumettes !
Contre tous les Etats, toutes les frontières et les uniformes qui les protègent.
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