LETTRE OUVERTE
AUX PÉDAGOGUES DE L’URBANISME ET À LEURS PROSELYTES
Mademoiselle, Madame, Monsieur,
L’Urbanisme n’existe pas. Certes, il existe des Agences et des Congrès d’urbanisme, de même qu’il existe Madame Soleil : le bonheur promis par les urbanistes est aussi illusoire que le bonheur promis par les cartomanciennes.
L’urbanisme n’existe pas. Ce qui existe réellement, ce sont les appartements-prisons, les silos à main-d’œuvre, les grands ensembles de solitudes, le bétail humain transporté quotidiennement de l’habitation à l’usine, les camps de l’oubli dominicaux, les bidonvilles de toile, la pollution, les centres d’embrigadement culturel pour la jeunesse, l’espace mangé par les automobiles, l’agression de la marchandise, le désespoir, l’impossibilité de se rencontrer, la planification de l’isolement, le suicide, l’ennui...
De même que le publiciste est là pour faire avaler du Coca-Cola, l’urbaniste n’est là que pour faire avaler la misère engendrée par l’architecture policière et sa planification.
Dans l’urbanisme comme dans la publicité commerciale, chaque nouveau projet est l’aveu du mensonge des précédents, et l’aveu de son propre mensonge. C’est toujours la même promesse de bonheur qui est contenue et qui ne peut être réalisée.
Les courants progressistes de l’urbanisme croient pouvoir échapper à toutes critiques en affirmant leur volonté de faire de la construction des villes l’affaire de tous. En fait, ils demandent que l’on cautionne leurs réalisations. Leur mensonge est ici flagrant, puisque, si tous font la ville, il n’est évidemment plus besoin de spécialistes.
Contre cette image de l’urbanisme commence à se dresser l’insurrection des véritables acteurs de la ville, inaugurée en 1871 quand les Communards les plus radicaux voulurent raser Notre-Dame-de-Paris, continuée à Watts en I965 avec la révolte des noirs et l’incendie des supermarchés de Los Angeles, poursuivie à Reggio Calabria, à Gdansk, et récemment encore pendant le pillage au Quartier Latin...
Mademoiselle, Madame, Monsieur, permettez-nous enfin de vous affirmer que les jours de l’urbanisme sont désormais comptés.
LA FÊTE RÉVOLUTIONNAIRE - BP 37 - 42 St-Etienne
Brochure de 40 pages sur l’urbanisme de la Fête révolutionnaire
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1968 - 1973 St-Étienne Révolutionnaire
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