Actualité et mémoire des luttes à Saint-Étienne et ailleurs
ACTUALITÉS ÉDUCATION - PARTAGE DES SAVOIRS / MOBILISATIONS - LUTTES
Publié le 10 avril 2009 | Maj le 13 avril 2020

Manifestation enseignantEs étudiantEs du jeudi 2 Avril 2009 :


Un entretien langue de bois avec Laurent Wauquiez en fin de manif

Les grévistes de Tréfilerie l’avaient annoncée sur leur blog de L’université Jean Monnet en Lutte. La manifestation de 17h30 « De la maternelle à l’université (ouverte à tous les gens soutenant le mouvement) » a eu lieu au départ de la fac Tréfilerie (côté Grand’Rue) pour se terminer devant l’école des Mines où les étudiants ont demandé à discuter des réformes libérales en cours avec Laurent Wauquiez.

Les syndicalistes de Sud ont rejoint l’appel des étudiants grévistes à venir manifester au départ de la faculté de Tréfilerie.

La banderole de tête du cortège tenue par des enseignantEs et des étudiantEs

Un tract expliquant les raisons de la mobilisation a été distribué aux passants.

Ci-dessous, une petite photo de la « copine » de la police des Renseignements Généraux (RG)

[Petite parenthèse la concernant, elle et ses collègues.
Je ne doute pas de sa sympathie, je ne doute pas qu’elle soit elle aussi humaine, mais n’oublions pas sa fonction. N’oublions pas qu’elle est là pour faire remonter toutes les infos et tout ce qu’elle entend lors de la manif.
Tout est relevé et transmis : chaque phrase écrite sur les banderoles, chaque affiche personnelle, chaque autocollant, chaque slogan, etc. Même les choses qui peuvent vous paraitre anodines comme des bribes de conversation entre manifestants, sont aussi transmises et enregistrées.
Elle dit qui tient le mégaphone, qui dit quoi, qui décide du parcours de la manif, etc.
C’est pour ça qu’il est important que ce ne soit jamais les mêmes qui tiennent le mégaphone par exemple.
Il y a aussi en règle générale un policier en civil qui prend des photos. Une fois au commissariat, ils peuvent alors regrouper leurs infos vocales (= rg avec talkie) et visuelles (= rg avec appareil photo).
Ils peuvent à la longue avoir un dossier avec des informations sur vous qui pourra être utilisé contre vous lors d’un procès par exemple.
Dans des villes comme Lyon, Grenoble, Rennes, Paris, etc. où les manifs sont attaquées par les flics de la B.A.C, de nombreuses arrestations ont lieu avec des fausses inculpations d’outrage à agent, rébellion, refus de se disperser alors qu’il n’y a pas eu de sommation de dispersion, etc.
Voir article paru sur le site Rebellyon : Récit en photo de la manifestation contre Biovision et des violences policières qui y ont eu lieu
Les inculpés se retrouvent ensuite à la barre et il n’est pas rare que le juge vous enfonce avec des phrases du genre :
« Vous étiez tel jour, à telle heure, à tel endroit, dans tel cortège de manifestation et vous avez dit au mégaphone : »y’a les flics de la BAC derrière faites gaff !!".
Le juge pourra alors vous posez des questions embarrassantes comme : « Mais que reprochez vous aux policiers, ils sont là pour vous protéger ?! ». « Vous n’aimez pas la police alors, vous êtes un agitateur professionnel finalement, je comprends mieux pourquoi un délit d’outrage à leur encontre vous est reproché », etc.
N’oubliez pas que même si vous êtes innocent, les juges prendront toujours parti pour la police, quels que soit les faits qui vous sont reprochés.

Si vous voyez quelqu’un prendre des photos et que vous avez des doutes, parlez en aux autres manifestants qui ne sont pas aveugles et qui en générale partagent les mêmes doutes que vous. Puis réunissez deux ou trois personnes et allez voir la personne qui prends des photos et demandez lui si elle est journaliste (si oui, demandez lui sa carte de presse), si elle fait partie des manifestant, etc.
Méfiez vous, certains sont très malins pour esquiver les questions. Ne tombez pas non plus dans la parano mais il faut toujours essayer de leur compliquer leur boulot.
C’est d’ailleurs ce que faisait un manifestant qui utilisait son sifflet à proximité de la « copine » RG.]

Le cortège s’est ensuite arrêté devant l’Inspection de l’Académie (I.A) de Saint-etienne où se trouvaient des enseignantEs des différents établissements scolaires et universitaires de la Loire. Ce rassemblement s’inscrivait dans un appel de mobilisation au niveau national devant chaque Mairie (Firminy et Rive de Gier entre autres).
Au total, un cortège d’environ 250-300 manifestants, ce qui est assez conséquent pour une ville comme Saint-etienne compte tenu de l’appel de la manif.

La porte d’entrée de l’I.A était gardée par un petit comité d’accueil en arme, il faut bien défendre la démocratie représentative en empêchant les gens de s’expliquer avec leurs dirigeants :

*« Il faut des États généraux de la formation des enseignants – iufm St-Etienne »

Une personne de l’Education Nationale disait : « Je ne suis pas tout à fait pour le maintien des iufm, s’il y a bien un truc pourri, formaté et corporatiste c’est bien l’iufm. Maintenant, balancer des profs en classe sans formation ce n’est pas mieux, l’Education Nationale doit se réformer à tous les niveaux mais vu l’inertie des profs ça va être super chaud, il faut faire péter les corporatismes et que chacun fasse un bilan et une autocritique, après on verra ».

Ensuite, une partie des personnes présentes ont continué le reste de la manifestation avec le cortège des étudiantEs qui est redescendu au niveau de la faculté Tréfilerie et a continué son chemin en direction de la rue Michelet.

Quelques slogans durant le parcours :
« Ont veut étudier pour ne pas devenir policier ! »,
« Qui sont ces guignols, qui ouvrent des prisons et ferment des écoles ! »
« La L.R.U. c’est eux, la rue c’est nous ! »

Une présence policière impressionnante en fin de cortège (humour). Trois agents de la Mumu (police Municipale) dans une Twingo banalisée.

Le cortège a ensuite remonté le Cours Fauriel :

Au passage de la Rue Charles Rebour, des personnes ont insulté les manifestants, guitare à la main depuis leur appartement.
Nous leur retournerons simplement leurs insultes en rebaptisant leur rue Charles Rebour : « La rue des connards du dernier étage ».

*attention, il est entendu que tous les habitants de la dite rue ne sont bien évidement pas des connards (humour).

Arrivé à proximité de l’entrée de l’école des Mines, le comité d’accueil républicain paré de gilets pare-balle et de matraques s’est gentiment invité pour empêcher les étudiants d’aller plus loin.


Deux personnes salariées de la Stas ont aussi suivi le parcours.
Un C.R.S a filmé les manifestants.
Les étudiants et quelques enseignants (une petite centaine de personnes en tout) sont restés face à face pendant environ 1h30.

Des tracts ont été déposés sur les voitures.

Le secrétaire d’État à l’emploi Laurent Wauquiez allant bientôt arriver, les étudiants ont décidé de faire un vote pour savoir si oui ou non, ils faisaient une délégation pour le rencontrer. Le OUI l’a emporté, même si ce n’était pas à l’écrasante majorité.
Le but était d’après un étudiant de « lui réclamer les 6 postes supprimés sur l’université de St-Etienne ».
Un étudiant : « On a décidé collectivement qu’on ne ferai pas de délégation et là on change d’avis ça ne va pas, ça ne sert à rien d’aller parler avec lui ».

Qui est Laurent Wauquiez ?
Né le 12 avril 1975, Maire du Puy depuis le 14 mars 2008, est aussi le secrétaire d’Etat chargé de l’Emploi auprès de Christine Lagarde, il a intégré en juin 2007, le gouvernement Fillon II, en tant que Secrétaire d’Etat, porte-parole du Gouvernement. Il y a 4 ans, il était le plus jeune député de l’Assemblée nationale.

Laurent est ensuite arrivé accompagné de ses gardes du corps :

Face à face avec les étudiants qui ont dîû insister pour avoir un entrevu avec le secrétaire à l’emploi.
En effet, le ministre voulait au départ que les étudiants soient reçus par son secrétaire de cabinet.

Laurent W. : « vous parlerez à mon chef de cabinet »
Délégation : « Non, c’est vous que l’on veut voir »
Laurent W. : « Mais cela revient au même »
Délégation : « Donnez nous 10 minutes de votre temps alors s’il vous plait, à Firminy vous avez bien rencontré la cgt, pourquoi pas nous ? »
Laurent W. : « ok, vous voyez mon directeur de cabinet et je vous verrai ensuite ».
Délégation : « Merci »

- Bref et partiel (je n’en ai interrogé qu’un seul étudiant de la délégation, alors que d’après ma mémoire ils étaient six) compte rendu des deux entrevues entre 1. la délégation étudiante et le secrétaire de cabinet de Laurent et 2. la délégation étudiante et Laurent W.

Rapporté par l’étudiant qui a répondu à mes questions :
Présentation respectives pour commencer puis les étudiants de la délégation exposent leurs revendications : retrait de la L.R.U, etc.
Débat avec le secrétaire de cabinet - langue de bois dans l’ensemble.
Secrétaire Cabinet : « Il faut bien faire des réformes, que peut–on proposer d’autre ? ».
Il est favorable à 100% pour la présence des entreprises dans les facs et n’y voit aucun danger.
Étudiant au secrétaire : « Les boites seront à la fac pour faire de la communication, elles installeront des pubs et leur but sera évidement de faire de l’argent ».
A nouveau la langue de bois de la part du secrétaire.

La délégation devra attendre encore 20 minutes avant de pouvoir rencontrer L. Wauquiez.
« Les RG étaient autour de nous pendant l’attente de 20 minutes et nous surveillaient ». Dira un étudiant.

- Résumé de l’entretien avec Laurent W :
Condition de l’entretien, point de vue d’un étudiant : « Il est arrivé comme un cowboy, il nous a pris de haut, s’est assis devant nous, sûr de lui, je me suis assis devant lui sûr de moi aussi, ce qui l’a un peu déstabilisé. Il nous a demandé ce qu’on avait contre les réformes ».

Il a par contre employé le tutoiement lorsqu’il s’adressait à un étudiant de la délégation en particulier. Une personne de la délégation a donc elle aussi employé le tutoiement à l’égard du ministre :
Laurent : « Faites moi trois propositions »
Délégation étudiante : « Créer des emplois, plus de moyens dans les universités et le retrait de la L.R.U. ».
Un étudiant : « Tu transmettras à Valérie Pécresse ? »
Laurent : « Je transmet si je veux ! Je n’ai pas d’ordres à recevoir ».

Étudiant : « J’ai senti qu’il avait perdu le contrôle en réagissant comme ça »

C’est une réaction classique chez les hommes de pouvoir, dès que l’on tente de leur parler sur un terrain d’égal à égal, ils se sentent rabaissés et dominés.

Plusieurs étudiantEs :
« Nous ne nous faisions pas d’illusion vis-à-vis de cette rencontre avec Wauquiez de toute façon, on commence à bien connaître leur combines et leur communication, mais ça ne coûtait rien de s’entretenir avec lui. »

La délégation est ensuite retournée à la faculté de Tréfilerie pour rejoindre les étudiantEs grévistes.

Ce soir à 19h30 dans le cadre de L’Université Solidaire, avait lieu une intervention sur le thème : « La crise financière et après », par Frédéric Lordon – Amphi J01 – Tréfilerie

Un récent slogan sous forme de tag sur la face nord de la fac «  La présidence mange la merde du gouvernement !  » :

Voir le programme de l’Université Solidaire de la semaine prochaine :
Programme
L’Université Solidaire est ouvert à toute et tous, étudiantEs ou non.


Proposé par Harlock
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