Actualité et mémoire des luttes à Saint-Étienne et ailleurs
ANALYSES ET RÉFLEXIONS MOBILISATIONS - LUTTES
Publié le 12 mars 2006 | Maj le 23 avril 2020

De la manifestive à nos pratiques millitantes


Dans le texte qui suit, mes points de vu ne sont pas arrêtés, ils sont simplement ceux du moment, le débat reste ouvert. Je ne prétends pas faire de leçons à qui que ce soit, même si certaines phrases peuvent laisser penser le contraire. Bref dans chaque discussion nous apprenons des choses et nos points de vue évoluent. Vos critiques sont donc les bienvenues.

De la manifestive à nos pratiques militantes :
Encore une fois, les flics s’en sont donnés à coeur joie durant la manifestive d’avril 2005 sur Lyon, quoi d’anormal là dedans ? Rien du tout malheureusement, d’ailleurs : « à quoi servirait le pouvoir si on ne pouvait pas en abuser ? ». Mais aussi tragique qu’est pu être les derniers évènements, surtout dans leurs suites : arrestations brutales, mise en garde à vu et pour finir le résultat du procès de Luis, Christian et virginie (pour cette dernière, 3000€ à verser pour les Bakeux, entre autres) pouvons nous nous contenter d’hurler à la répression et de dire que les flics sont des fachos ? Je ne pense pas, puisque ça, nous le savions déjà bien avant de nous confronter à eux. L’attitude policière ce jour là , n’étonnera donc que les naïfs ou les rebelles de base.

Alors comment s’organiser pour éviter ou limiter ce genre d’incidents ? Personnellement, le principe de manivestive m’a toujours paru, pour rester poli, comme un piège et ce n’est pas ce qui c’est passé en Avril à Lyon qui va me convaincre du contraire. Je pense même que d’un point de vu stratégique, telle qu’elle est généralement mise en oeuvre aujourd’hui (refus, ce n’est pas toujours le cas il est vrai, d’avoir un service d’ordre par amalgame, mauvaise gestion des débordements par peur de paraître autoritaire), ne peut qu’être une aubaine pour les policiers désirants entraîner leurs nouvelles recrues en les mettant en situation facile pour les familiariser à la casse du manifestant. C’est aussi une des apparitions les plus facilement détournable pour les médias (c’est, je l’accorde, un peu facile de dire ça puisque même la manif la plus irréprochable peut être mise sous un angle négatif avec un « bon » traitement de l’image, mais il y a quand même des limites).
C’est apporter de l’eau au moulin de leur propagande qui vise à faire passer les act-rices-eurs des mouvements sociaux pour des irresponsables sans réelles alternatives politiques à proposer.

Ce qui suit est une définition de la manifestive présente sur le site : « c’est avant tout une manifestation avec des revendications sur un ou plusieurs thèmes. Mais quitte à manifester, autant le faire de manière rigolote, colorée et festive. D’où le principe de fête de rue à caractère militante ». Dans le paragraphe qui suit, je me base sur les discours que j’ai pu entendre et sur ce que j’ai lu sur cette pratique sur le site rebellyon. Peut être que d’autres personnes prônant la manifestive pourraient me faire changer d’avis, ou peut être me conforter un peu plus dans mes opinions. Théoriquement, elle est proposée comme une alternative à deux catégories. Mais deux catégories qui me semble caricaturales : il y aurai d’un coté les militants rabat-joie, ne sachant jamais parler d’autre chose que de politique et de l’autre, les fêtards, plutôt dépolitisés. Il suffirait donc de faire une manif qui mix les deux tendances pour rallier les deux camps. Est-ce aussi simple que cela ? Je ne crois pas. Beaucoup connaissent ce petit slogan de comptoir : « la lutte oui, mais la fête aussi ». Est-il critiquable ? Oui et non, en faite cela dépend de la façon dont il est interprété. Il y a ceux qui pensent que l’ont ne peut pas faire les deux en même temps (le tract dans une main, la bière dans l’autre), je suis de ceux là . Mais ces mêmes personnes reconnaissent que le militantisme demande beaucoup d’énergie et d’investissement et qu’il faut donc savoir ce ménager en s’accordant des moments de décompression, autrement dit : savoir faire la fête, mais hors du cadre du militantisme. Puis il y a les autres, qui pensent que l’ont peut lutter tout en faisant la fête.
Nous en revenons donc à cette fameuse pratique de la manifestive, qui est à mon avis, premièrement, tout sauf une nouveauté et deuxièmement une aubaine pour les flics.

Les phrases qui suivent sont insultantes, elles ne s’adressent qu’à une petite minorité présente dans ce genre de rassemblement. Pour caricaturer, la manifestive est pour certain-e-s, soit un moyen de boire quelques bières dans la rue en se donnant comme caution (et encore), un fond politique, soit une façon de se coller une étiquette de militant, le temps d’un parcours de manif. C’est donc militer sans vraiment militer, dénoncer sans vraiment dénoncer, ou disons, l’espace d’un après-midi seulement, à condition qu’il soit ensoleillé bien sur. Le principe de manifestive est potentiellement dangereux car il crée un flou entre l’espace de lutte et l’espace de fête, surtout pour les gens qui n’ont pas ou peu d’expérience dans les luttes. Laissons de coté et ne nous laissons pas berner par l’effet de nombre, Il y a certainement quelque chose de motivant à participer à une manif imposante, mais au fond ? Est-ce pour autant que l’ont sera plus convaincant et que l’ont va attirer l’attention des gens sur le discours politique de fond ? Je suis sur que non. Cela me rappel un peu les rassemblement sur le Larzac. Si il n’y avait pas des groupes très connus programmés pour un concert en fin de soirée, nous savons très bien que les rassemblements attireraient, c’est le moins qu’on puisse dire, moins de monde. De plus, nous savons très bien que les réseaux militants reste ce qu’ils sont une fois la fête finie, c’est à dire minoritaire.

Aujourd’hui en vu des dernières mesures d’état d’urgence, nous devons sérieusement remettre en cause nos façons de militer, celles et ceux (je m’inclus dedans) qui continu-e-s de militer aujourd’hui de la même façon qu’il y à quelques années en arrières, sont à coté de la plaque. Combien de militant-e-s se contente de differ leurs tractes sans prendre le temps de créer la discussion avec les gens dans la rue ??!! Mais à quoi bon ?? Si ce n’est pour ensuite s’auto féliciter d’avoir fait une bonne diff. C’est pourtant bien là , l’outil principale de la divulgation des idées alternatives (anarchistes pour ma part) : la parole, le débat. Méfions nous donc des petits partisans qui devraient laisser leur A cerclé en attendant de perdre leur esprit de clan et méfions nous du folklore, y comprit quand il se cache sous un drapeau noir ou rouge et noir. Cette phrase est un peu insultante mais elle n’a pour but que de mettre en avant le fait que les milieux militants (politique, associatif, collectif, syndicats, orgas, les étiquetés sans étiquettes, squatts, etc) sont aujourd’hui en crise, nous nous posons tou-s-tes la question de comment continuer à résister face aux lois qui sont votés sans que nous puissions faire quoi que ce soit pour empêcher leur mise en place. Désarroi que nous ressentons tou-s-tes face à la monté d’un climat que nous jugeons comme l’avènement d’un fascisme moderne. Pour ma part, j’ai participé à de nombreuses manifs, rassemblements, actions anpe, etc.
Je ne regrette rien, il fallais le faire et il faut continuer tant que nous pouvons le faire, car je suis convaincu que dans un avenir très proche, ce genres d’apparitions ne seront plus possible (couvre feu : interdiction de réunion, rassemblements, etc.). Qui est visé dans ce texte de lois si ce n’est les gens les plus « dangereux » après les jeunes de banlieues pour l’Etat républicain, c’est à dire nous (act-rices-eurs des luttes) ! Beaucoup sont frustrés car ils-elles aimeraient transmettre leur clairvoyance et leur esprit critique (politiquement parlant) aux gens qu’ils-elles croisent dans la rue simplement en leur donnant un tract. Autour de moi je vois trop de personnes qui pense que c’est comme ça qu’un grand mouvement va naître et soulever les foules (je caricature un peu). Moi aussi je suis parfois rongé de l’intérieur en voyant l’inertie face à l’aggravement du climat social. Mais premièrement, il ne faut pas se faire d’illusions sur les diffs de tractes et les diverses apparitions que nous pourrons faire, cela n’a jamais ramené de nouve-lles-aux militant-e-s ou des personnes en nombre prêtent à s’investir dans les luttes. Deuxièmement, l’éssentiel est de créer une accroche, un dialogue avec les personnes à qui nous donnons les tractes. Nous devons bien garder en tete que ce n’est pas en diffant méchaniquement dans la rue que nous allons susciter la révolte (au bon sens du terme, comme nous l’entendons) des gens (et puis les gens, c’est aussi nous !), cessons la division « nous » et « les gens », qui n’est d’ailleurs pas présente que chez les avant gardiste. Il faut simplement comprendre (je ne prétend pas apprendre quoi que ce soit a qui que ce soit, à ce propos) que l’ont ne peut pas, quelques soit l’énergie que l’ont dépense, dépasser le climat politique actuel. Les jours à venir risques d’etre durs, à la question : « qui est pret à lutter ? », doit s’ajouter : « qui est pret à aller en prison ? ». Historiquement nous avons toujours étés une minorité, meme en periode de forte agitation. En fait, il faut se dire que tout ce que nous faisons, nous le faisons pour maintenir et vous serez tou-s-tes d’accord avec moi pour dire que c’est déjà bien assez, un discours en vie en attendant qu’une periode plus propice nous permette d’ouvrir les vannes de gaz.

« Aujourd’hui plus que jamais, je suis convaincu que c’est au fur et à mesure qu’elle semble hors d’atteinte, que la révolution sociale se rapproche ».


Proposé par mario
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