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ACTUALITÉS RÉPRESSION - PRISON
LYON & ALENTOURS  
Publié le 21 juin 2003 | Maj le 22 avril 2020

Caluire : Manifestation anti-Sarkozy réprimée : 4 mois ferme pour un manifestant !


Lundi 16 juin, Sarkozy s’est rendu à Lyon pour visiter le commissariat du 9e arrondissement, bénir la promotion de l’école des commissaires de police de St Cyr au Mont d’Or, clôturer la 2e journée nationale d’informations des associations de victimes et celle d’un colloque sur le thème « sécurité : comment agir contre la mondialisation des risques ».
Sa venue s’est terminée par une réunion publique avec l’UMP à Caluire.
Une manifestation était prévue devant l’Hôtel de Ville de Caluire où se tenait le meeting. Entre 1000 et 2000 personnes sont venues à Caluire pour manifester dans le défilé en tant que tel..

Puis elles arrivent devant un barrage de police, une bonne grosse brigade de CRS (ou policiers de la VRAC) avec barrières et camions anti émeutes.

Impossible d’aller plus loin, impossible de discuter.

Les syndicats décident de la dispersion.

« Pas question de créer les conditions d’un accrochage avec la police. Le message des responsables syndicaux CGT, CFDT, FO, Unsa, FSU du Rhône, organisateurs de la manifestation à Caluire pour s’opposer à la réforme du système des retraites, était très clair. C’est donc encadré par un service d’ordre maison que le cortège a marché tranquillement en direction de l’hôtel de ville de Caluire où se tenait une réunion publique de l’UMP. Les incidents ont éclaté vers 19 heures tandis que les représentants des cinq syndicats, attendaient d’être reçus par Nicolas Sarkozy. » (Le Progrès 17/06/03)

Certaines personnes décident de rester, d’autres de s’en retourner prendre le métro à Cuire.
Des slogans sont criés. Des banderoles sont déployées, ce qui gènent un peu certains invités au meeting de l’UMP, que les CRS laissent passer.

Un policier casse une banderole et frappe une personne avec un bâton de la banderole. Devant le refus des autorités de laisser passer, certains dans les rangs de devant ont commencé à s’asseoir par terre, geste de prostestation pacifique : c’est alors que les CRS ont lancé les premières grenades lacrymogènes.

Certains qui étaient tout devant ont entendu : « dernière sommation avant que nous chargions ».
D’autres qui étaient aussi tout devant n’ont rien entendu du tout.
Que dire de ceux qui étaient plus loin ? Peut-on appeler ça une « sommation » ?

A peine 30 secondes après : grenades lacrymogènes jetées à bout portant sur les gens. Le premier jet a été manuel et à destination des premiers rangs (2 ou 3 grenades), et ils ont enchainé par des tirs plus lointains. Les CRS ont alors franchi les barrières de sécurité.

Une personne a eu son bas de pantalon brulé par une grenade. Il y aurait eu 4 ou 5 blessés.
Une enseignante, Nicole L., qui rentrait du côté du métro de Cuire, suite à la dislocation, a reçu une grenade lacrymogène dans le dos : la chemise totalement brulée et aussi la chevelure.

"J’ai entendu un sifflement et j’ai été frappé dans le dos. Je n’ai entendu aucune sommation !
Plein de gaz lacrymogènes de partout. Tout le monde s’est mis à courir. Des jeunes nous ont donné du sérum physiologique. Et les gens m’ont dit : vous êtes brûlée !
J’ai senti l’odeur de brûlé des cheveux. Et puis j’ai senti la douleur de la brûlure dans le dos. C’est tout à fait scandaleux ! C’était une manifestation parfaitement calme et pacifique ! Quelqu’un m’a accompagné jusqu’à la clinique, mais il n’y avait pas de service d’urgences. J’ai dû prendre un taxi pour aller à l’Hôpital St Luc, où est arrivé un CRS qui avait eu traumatisme au genou, probablement en sautant une barrière.

Apparemment, il disait lui-même que c’était une manifestation totalement calme et que c’est très difficile de gérer ce genre de manifestation quand il y a le ministe de l’intérieur. Je vais porter plainte auprès du Procureur de la République et je garde ma chemise brûlée comme pièce à conviction.

Cela m’a complètement traumatisé. Il est important que cela ne se reproduise plus !"

Une cannette vide et quelques cailloux auraient été lancés du côté des policiers. Mais ont-ils été jetés avant la première salve de grenades lacrymogènes ou en réplique aux lacrymos ? Les avis divergent sur ce point.
Des gamins situés en surplomb de la manifestation ont jeté des cailloux sur les manifestants et sur la police.

Après quelques instants, les CRS ayant rejoint leur position initiale, nombreux se sont à nouveau regroupés à proximité. Peut-être 300 personnes reviennent petit à petit devant les barrières.
Une dizaine de motards colériques déboulent à fond la caisse, une banderole, un spitch et ronflements de moteurs.
De nouveau les slogans. De nouveau des invités de Sarkozy qui passent.
Des personnes ont vu des matraques qui s’abattaient sur deux personnes pas très jeunes d’ailleurs.

Une grosse demi-heure plus tard, vers 20 heures, les gones du quartier s’en mêlent. Les jets de cailloux à l’origine de la deuxième salve de grenades de la part des policiers venaient de gamins du quartier et notamment d’un square en surplomb.
Du bruit et de l’odeur. Ces jets de cailloux déclanchent alors un tir nourri de lacrymos, avec les lance-grenades cette fois. Personne n’a entendu de sommation.

Les lacrymos ont été lancées près mais aussi très loin. Certains ont pensé à ce moment là qu’ils souhaitaient arrêter des gens.
Au départ lacrymos tirées au fusil au plus loin, puis lacrymos au milieu du rassemblement, et puis devant, et puis au milieu et puis re au loin, et puis devant et..... bref gazage général de toute la rue, ça court de tous les cotés. Des jeunes qui jouaient au foot sur un stade sont obligés de détaler.

Une bonne vingtaine de CRS chargent ... Une dame (peut-être qu’elle rentrait chez elle) trés âgée, qui ne se déplaçait pas rapidement, a dû faire la connaissance des lacrymos (au retour une ambulance arrivait...)

Un jeune de 23 ans, Imen Troudi, qui n’avait rien à se reprocher, s’était assis sur le trottoir à l’écart et discutait calmement. C’est à ce moment-là que des policiers s’en prennent à lui très violemment à coups de matraques. Il est embarqué.
Le lendemain, Imen Troudi passe en comparution immédiate et est condamné à QUATRE MOIS FERME ! Il a été ecroué. On l’accuse d’avoir jeté des pierres contre les policiers, ce qu’il nie formellement. Une vidéo, tournée par des policiers, le montre bien au sein de la manifestation, mais à aucun moment on ne le voit lancer des pierres. Il reconnait avoir crié des slogans hostiles à la police, comme beaucoup de manifestants. Rien ne prouve qu’il ait lancé des pierres. C’est seulement à cause du dire de policiers qu’il a été reconnu coupable de tous les faits reprochés.

COMMENT AURAIT-IL PU LANCER DES PIERRES ALORS QU’IL S’ETAIT DEBOITE L’EPAULE DROITE ET QU’IL EST DROITIER ?

Il devait se faire opérer le 25 juin. De plus il avait trouvé un travail pour tout l’été qui débutait le lendemain...
N’a-t-on pas voulu en faire un bouc émissaire pour couvrir la répression de cette manifestation ? Où est la justice ? On sait de plus qu’à Lyon, il est inutile de faire appel si on veut éviter que, comme dans un cas pareil, la condamnation soit multipliée par trois...

Il est important de s’opposer à ce genre de condamnations où c’est quelqu’un qui ramasse pour les autres.
Il est important de le soutenir. On peut lui écrire :

Troudi Imen
N° 68348
12, quai Perrache
69002 Lyon

Il est important aussi de savoir si d’autres personnes ont été interpellées, si d’autres personnes ont été blessées...
En marge de la manifestation, quelques personnes ont réussi à s’introduire au meeting de l’UMP. Voilà ce qu’elles en disent.
« L’ambiance était terrible et très dure à supporter, ponctuée pendant l’attente du ministre par les Madame de... et Monsieur Le... de propos racistes et d’insultes envers les manifestants restés dehors. Quand Sarkozy a commencé à parler, nous l’avons zappé et invectivé. Et là surprise...! des personnes du 3e âge du public ont commencé à nous insulter, à nous mettre des claques et à nous taper à coup de pied et de poings ! Nous avons été repoussées par des spectateurs déchaînés. Des jeunes UMPistes agressifs menaçaient de nous casser la gueule. Nous avons été violemment sorties de force et même portées et traînées jusqu’à l’extérieur. »


Proposé par silvain
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