Il y a quelques années encore, la violence ouverte des forces répressives était plutôt réservée aux quartiers populaires, et le geste policier était plus timide sous les yeux du quidam. Aujourd’hui, l’offensive anti-sociale est clairement déclarée et le terme gardien de la paix est plus que jamais fallacieux. Ça cogne, ça arrête pour rien, et derrière ça condamne sévèrement dans les tribunaux. On pourrait dire que la répression s’est démocratisée en même temps que la contestation sociale s’est généralisée. L’ordre libéral ne convainc plus que les droitards sourds et aveugles aux désastres de ce monde. Il ne tient plus que par sa police, qui peut dès lors, sans souci, organiser des manifestations sauvages, armée et cagoulée sur les Champs Elysées, obtenir des augmentations de salaire, conserver son régime spécial de retraite, etc. La police n’est vraiment pas un corps de métier comme un autre : elle est la quintessence de l’État.
La propagation des méthodes de répression des quartiers populaires vers le maintien de l’ordre ordinaire a mis en évidence le fait que, désormais, tout le monde peut se trouver mutilé-e par un LBD ou étouffé-e sous le genou d’un CRS. En manif, la quantité de grenades lancées, la violence des offensives contre les cortèges, le recours massif à des armes potentiellement létales témoignent du fait qu’une guerre contre la population est en cours. Et cette guerre est parfaitement assumée comme telle : qu’importent les morts, les mutilations, les condamnations de l’ONU, de la Cour européenne des droit de l’homme, ou d’Amnesty international. Qu’importe que la France soit prise en exemple par des régimes comme la Chine pour parfaire son arsenal juridique face à la contestation à Hong Kong.
La diversification des méthodes d’intervention, avec des brigades de police aux fonctions spécialisées dans la voltige, la castagne, la dispersion ou la nasse, et la banalisation de l’emploi des armes explosives et des armes de tir servent une stratégie de la terreur. Les mutilations ne sont pas des bavures mais des avertissements. En six mois de mouvement Gilets jaunes, la police a mutilé autant de personnes que sur les vingt dernières années en France. Et l’institution a toujours soutenu ses ouailles.
Des pans de plus en plus larges de la population traversent les viseurs de la police mais aussi les couloirs des commissariats. Les arrestations sont désormais « préventives » (amener du simple matériel de protection est désormais suffisant pour se retrouver 48h enfermé-e) et les gardes à vue tendent à devenir des peines extra-judiciaires. L’assentiment du pouvoir vis-à-vis de l’arbitraire des violences comme des dérives procédurales exprime un choix stratégique : recourir à la force partout où il y a résistance aux tenants du pouvoir et de l’économie. Dans les tribunaux, la tendance est la même. Quantité de procès liés à la contestation sociale sont fondés sur des dossiers vides, des éléments mensongers, des droits non respectés. S’il y a des cas où les procédures bâclées permettent d’obtenir des nullités, voire des relaxes, dans la très grande majorité des cas elles permettent des condamnations plus sévères. A toutes les étapes, le parcours judiciaire est semé d’embûches.
C’est en partant de ces constats que l’application Bad Citizen a été créée. Les bad citizens sont de plus en plus nombreux et il est nécessaire que se diffusent au maximum, dans les manifs comme dans les quartiers, les moyens d’apprendre à se défendre face aux institutions policières et judiciaires. Il existe déjà des guides juridiques imprimés ou en ligne, des tracts de collectifs anti-répression locaux, des abrégés des bonnes pratiques, des sites d’info sur l’actualité de la répression. Bad Citizen ne se substitue à rien de tout ça mais vient juste compléter la panoplie en proposant un moyen de diffusion facilement partageable, facilement accessible.
Puisque tous les bad citizens peuvent être potentiellement confronté-e-s à la police ou la justice et que l’on peut devenir un bad citizen à tout moment, il est important de connaître leurs règles, c’est-à-dire à la fois le droit mais aussi les pratiques qui s’imposent dans la rue, les commissariats, les tribunaux et les prisons. L’application Bad Citizen n’aborde pas la question du droit avec le regard illusionné du bon citoyen outré par le non-respect institutionnel des lois, mais depuis une perspective pratique de défense des luttes, en considérant dans sa juste mesure ce qu’implique d’être justiciable. Que la police et la justice respectent ou non les cadres légaux, il faut dans tous les cas savoir comment elles agissent et à quelle sauce elles peuvent nous manger pour pouvoir se défendre. L’appareil de lois est construit pour le maintien de l’ordre. Bad Citizen prendra plutôt le parti des exploité-es, des énervé-es, des révolté-es.
L’application Bad Citizen est bien entendu gratuite. Elle est accessible depuis le Google Playstore, en téléchargement direct sur le lien ci-dessous et bientôt sur l’Applestore. C’est une solution technique à défaut, pour qu’elle puisse être téléchargée le plus largement possible. L’appli est organisée en thèmes (contrôle d’identité, garde à vue, poursuites, droit des mineurs, violences policières, etc.) eux-mêmes structurés en chapitres. Elle va progressivement s’étoffer pour résumer de manière claire l’ensemble de ce qu’il faut savoir au cas où on est contrôlé-e, arrêté-e, poursuivi-e en justice, condamné-e ou blessé-e, au cas aussi où un-e proche a été arrêté-e, emprisonné-e, mutilé-e, ou tué-e. Avoir Bad Citizen sur son téléphone ne peut être incriminant, il ne s’agit que de lois et de constats des pratiques policières et judiciaires. S’intéresser à ses droits ne peut vous être reproché. Son contenu va évoluer avec des ajouts thématiques utiles et des mises à jour. L’appli est sans pub, elle ne récolte ni argent ni données personnelles. L’intégralité de son contenu juridique a été vérifié par des avocats.
Téléchargez Bad Citizen, le petit guide à avoir en poche pour vous et vos proches !
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