Lettre à un képi blanc, Bernard Clavel, 1975.
Vous connaissez cette chanson « Tiens, voilà du boudin », chanson de marche officielle de la Légion Etrangère. Vous connaissez peut-être moins « Ich hatt’ einen Kameraden », une autre chanson officielle de la Légion empruntée à leurs petits camarades Waffen SS venus s’y enrôler en nombre après 1945.
Ce mercredi 10 avril 2024, à 10h30, place Jean Jaures, c’était la « cérémonie des képis blancs ».
Les képis blancs, c’est le surnom donné aux légionnaires, du nom de leur képi « blanchi sous le soleil d’Afrique ». Créée en 1831, la Légion étrangère a toujours été destinée à agir « à l’extérieur du Royaume », son principal fait d’arme étant sa participation à la colonisation de l’Algérie. Elle siégera d’ailleurs à Sidi Bel Abbès jusqu’en 1962.
Le 26 janvier dernier, plus de 140 industriels de l’armement se réunissaient à la Cité du design pour entrevoir ensemble les « opportunités » qu’ils pourraient tirer des embrasements un peu partout dans le monde.
En plus de Rochatte (ancien officier de l’armée de terre, puis contrôleur général des armées, avant d’être préfet de la Loire) , de Gassilloud (député du Rhône mais aussi président de la commission de la Défense nationale et des Forces armées) et des industriels, on y trouvait Denis Mistral, ancien chef de corps du 4e Régiment Etranger de Castelnaudary puis général commandant la Légion étrangère et désormais gouverneur militaire de Lyon.
Vu le palmares d’un tel gratin local, on comprend mieux pourquoi c’est à Saint-Étienne, qui n’a pourtant pas de caserne, que les bidasses du 4e Régiment Etranger de Castelnaudary sont venus jouer de leur trompette et aérer leurs drapeaux moisis.
L’uniforme à l’école, le SNU quasi-obligatoire, une Loi de programmation militaire à 413 milliards d’euros, le décret du 28 mars 2024 prévoyant la réquisition d’usines et personnels pour la production d’armes ; ce sont autant de sons de cloches qui annoncent à la fois les priorités du gouvernement et un avenir très sombre.
Par ce genre de cérémonies militaires dans l’espace public, et après quelques sordides campagnes publicitaires de recrutement, on voit bien que l’armée tente de soigner son image. Pourtant, le nombre de guerres et de massacres étant malheureusement ce qu’il est, il n’est plus possible d’ignorer que ce sont les dirigeants qui déclarent les guerres et tous les autres qui subissent viols, massacres, et bombardements. Nous savons aujourd’hui que les industriels n’ont aucun scrupule à vendre leur camelote à n’importe quel camp, pourvu que ça rapporte.
Ce jour-là et au même moment, une petite vingtaine de personnes se sont retrouvées place Jean Jaures, ont chanté des chants antimilitaristes ou déployé des banderoles contre la propagande militariste. Certes rapidement éloigné par les flics, c’était un petit pied de nez au désastre guerrier, à leur barnum « information/recrutement », et à la mise en scène de la hiérarchie, de l’honneur et de la bravoure viriliste.
A bas la guerre, à bas l’armée et sa propagande !
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