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ACTUALITÉS DROITS SOCIAUX - SANTÉ
Publié le 11 septembre 2007 | Maj le 13 avril 2020 | 14 compléments

Lettre à mon Assistante Sociale


Travailleurs sociaux,
Travailleuses sociales,
quelques idées pour faire enfin du bon boulot.

Réferent-e-s RMI, assistant-e-s social-e-s de quartier ou de la CAF, vous aviez choisi ce boulot parce que bêtement vous vouliez aider les gens.

Pourtant, depuis un sacré bout de temps, lorsque votre usager-e ferme la porte du bureau, vous avez comme un sale gout dans la bouche

Pour être franc-he, vous avez comme l’impression que vous ne l’aidez pas tellement. Trouver un logement ? Impossible.

Empêcher son expulsion pour une dette de loyer ? Une demande de FSL est en cours, mais la prochaine commission est dans deux mois...

Débloquer un peu de fric pour finir le mois ? le budget est épuisé, à part deux bons alimentaires qui traînaient et un dossier à remplir pour le vestiaire d’Emmaus...

Bon, vous essayez de vous réconforter en pensant aux boulots que vous avez permis de décrocher ?

Un CDD de deux mois au Casino du coin, grâce au plan d’insertion élaboré par le Medef et la mairie, un emploi aidé , sans oublier bien sûr les temps partiels de douze heures au Smic horaire à la régie de quartier.

Le problème, et ce que vous n’avez pas oser dire aux usager-e-s, c’est que vous avez calculé leur revenu futur, illes vont gagner à peine cent euros de plus qu’au chômage

Ce qui vous ennuie aussi, ce sont tous ces dossiers à remplir pour informer la mairie, l’aide sociale à l’enfance de la vie de votre usager-e.

Ce qui vous ennuie encore plus, c’est que vous ne comptez plus les usager-es qui vous ont traité d’incapable, de collabo, et celleux peut-être encore plus décourageant-e-s qui vous disent oui pendant une heure, signent sans broncher n’importe quel contrat d’insertion et dont vous avez la désagréable impression qu’illes vous emmerdent en silence.

Mais que faire ? La grève ? Vous l’avez déjà faite l’année dernière mais non seulement la direction s’en foutait, mais en plus les usager-e-s ont failli vous lyncher pour les rendez-vous manqués.

Heureusement vos usager-e-s pensent à vous, vous aiment et vous comprennent. Nous autres Rmistes et autres , ne pouvons pas faire grève pour résister aux contrôles et aux pressions, ni pour augmenter notre revenu. Nous avons donc élaboré quelques autres moyens de lutte que nous vous révélons ici, mélange d’astuce et de solidarité.

A vous de jouer !!!!

- La grève du zèle : il s’agit d’appliquer à la lettre les possibilités offertes par la loi et le contenu de votre contrat de travail. Pour vos supérieurs, cela peut vite devenir désastreux.

Exemple 1 : il existe dans chaque conseil Général, des accords collectifs, qui consistent à réserver à certains usager-e-s des logements sociaux. Il faut constituer un dossier que vous transmettez ensuite à une commission. Théoriquement ces accords peuvent concerner beaucoup de monde, mais vu le petit nombre de logements que les bailleurs et les mairies consentent à mettre sur le marché, on vous demande plus ou moins officieusement de limiter le nombre de demandes. Oh là, là mais c’est très arbitraire tout ça. Donc soyez neutres, et faites systématiquement les dossiers. Vous obligerez ainsi les représentant-e-s des bailleurs et les élu-e-s à passer des heures et des heures en commission . Bien sûr vous aurez informé vos usager-e-s de QUI siège dans ces commissions et QUI refuse les logements.

Exemple 2 : ce n’est pas vous qui déterminez les budgets du fonds solidarité logement, des aides financières d’urgence, du fonds EDF. Pourquoi ce serait à vous de gérer la pénurie ? Au contraire informez systématiquement les usager-e-s de leur droit, faites leur remplir des demandes, encore et tout le temps.

- N’assumez que vos responsabilités propres : vous les trois quarts du temps, vous ne faites que remplir les dossiers. Ensuite, c’est une commission ou vos supérieurs qui prennent la décision. Résultat, quand celle-ci est injuste ou inadaptée, qui prend tout en pleine poire ? Vous. Perdez vos mauvais réflexes : appelez systématiquement votre direction dès qu’un usager-e est mécontent-e, et passez lui au téléphone, ou mieux emmenez le/la dans le bureau de votre supérieur.

- Vous n’êtes pas un bureau de placement, vous êtes un travailleur social ou une travailleuse sociale : de plus en plus, on vous bassine en réunion avec l’insertion professionnelle. Tous les mois, on vous présente tel ou tel stage bidon que vous êtes censé conseiller à vos usager-e-s, tel ou tel type de contrats aidés à placer. Mais vos usager-e-s Rmistes sont en mauvaise santé, ont des problèmes de logement, de formation et franchement vous vous trouvez un peu à côté de la plaque avec stages de remobilisation dont la seule brochure de présentation a suffi à vous donner le bourdon, alors vous n’imaginez même pas le résultat du stage lui-même sur l’usager-e.

Mais au fait la loi sur le RMI prévoit que l’allocataire peut signer uniquement sur l’insertion sociale ? Eh bien proposez à tous vos allocataires des contrats sur ce thème et défendez la reconduction tant que la situation sociale ne s’est pas arrangée. C’est la loi, non ?

- Personne ne voit ce que vous faites dans votre bureau :
franchement, convoquer des allocataires pour leur répéter les discours de l’institution ça vous fait autant chier qu’elleux ? Eh bien si vous êtes obligé-e de les convoquer , vous n’êtes pas obligé-e de les harcelez. Et si au lieu de leur poser sans arrêt les mêmes questions (alors, qu’est ce qu’on a fait ce mois ci pour trouver du boulot), vous en profitiez pour les informer de leurs droits ? Sachez-le, l’ambiance est telle, que la plupart d’entre nous n’osent plus rien demander à moins d’une urgence vitale de peur d’être catalogué-e-s comme assisté-e-s.

- Prenez vos responsabilités : ils veulent vous forcer à contrôler, c’est à vous qu’on demande de signaler l’absent à la convocation ? Franchement qu’est ce qui est le plus grave, mentir et déclarer la personne présente, ou la priver de revenu alors que vous savez très bien qu’elle est déjà dans la merde et qu’en plus vous n’aviez pas tant de choses que ça à lui proposer pour s’en sortir ?

- Brisez le silence : oui d’accord, il y a le secret professionnel. Mais enfin, personne, pas même votre inquisitrice de directrice ne pourra soupçonner que derrière « super référent-e » qui témoigne de ce qui se passe dans tel ou tel service sur ce site, ou « sauveuse des assisté-e-s qui envoie plein de conseils sur un forum de chômeurs chômeuses », se cache Monsieur Boudu ou Madame Titane, référent-e parmi d’autres au CCAS du coin.

Oui, mais si je suis tout-e seul-e à faire ça, ça ne changera rien pour les usager-e-s ?

Çà changera déjà les choses pour vous, qui ne serez plus tout à fait un petit maillon de la grande chaîne à précariser. Vous verrez aussi que vos usager-e-s ne sont pas ces monstres agressifs ou agressives et quémandant qui vous mettent tout sur le dos mais la plupart du temps des gens dont les problèmes ne sont pas très éloignés des vôtres.

Et puis êtes vous vraiment sûr d’être tou-te-s seul-e-s ? Et si vous étiez nombreux et nombreuses à faire les mêmes constats et que ce qui vous manquait c’était les perspectives d’action ?


Proposé par olivier
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14 compléments

  • bonjour Madame .je viens vous signaler le calvaire que vit d’une femme de 67 ans depuis 3 ans et qui est seule. je la connaît depuis janvier , et je vais la voir avec mon mari , tous les dimanche après midi , habitant à 15 kilomètres de chez elle. mis à part les aides de l’adhapa pour préparer son repas et faire les courses ,mon mari et moi sommes les seules personnes à lui rendre visite.elle vit recluse , désespérée dans la plus totale indifférence . cette pauvre femme devenue notre amie est atteinte d’algodystrophie , qui lui paralyse sa jambe droite , et semble atteindre sa jambe gauche . elle n’aurait peut être pas été soignée à temps , de plus elle a de plus en plus de mal à se servir de ses doigts ( elle ne sait pas ce qu’elle a), a de plus en plus de peine à se lever de son lit , pour s’asseoir sur le siège pour ses besoins . elle n’a pas vu le soleil depuis 3 ans et vit dans une pièce très sombre .cependant nous avions réussi à l’installer dans son fauteuil roulant et la sortir dehors une demie heure , mais seulement 4 dimanche. mais nous ne pouvons plus le faire ( son fauteuil roulant n’étant pas adapté. nous devons
    tr
    ouver un support pour sa jambe droite , pour son fauteuil) sa jambe lui fait trop souffrir . et le bouquet, c’est qu’elle est constament assise le dossier du lit médical légèrement incliné ,le dos soutenu par des oreillers , la nuque et la tête dans le vide ( même la nuit ) sa pièce dans laquelle elle vit , est éclairée 24/24 heures , 7 jours sur 7 et ce depuis 3 ans .... elle souffre physiquement et surtout moralement. de plus un autre problème demeure. n’importe qui peut rentrer chez elle sans frapper , car la porte est constament ouverte. ce que nous pourrions faire mon mari et moi,(1) c’est de pouvoir à nouveau la sortir un peu dehors avec un fauteuil roulant muni d’un support pour sa jambe . ce serait bien si cette femme pouvait avoir quelqu’un pour positionner son lit médical à l’horizontal pour la nuit . pourriez vous apporter des conseils , une aide ?? sa retraite est de 11000 euros /annuel ( non imposable)
    merci pour votre réponse . salutation

  • Résister, c’est créer.

    « Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs. »
    Article 35 de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen - 1793

    Communiqué du CnR (à diffuser largement)


    Conseil national de la Résistance

    Nombreux, dans leurs petits coins de France, ils y pensaient.
    Enfin, c’est arrivé !

    Le Conseil national de la Résistance renaît.

    Et petit à petit, tous s’y retrouvent. De tous les coins de France, du nord, du sud, de l’est ou de l’ouest, au centre ou même outre-mer, ils adhèrent, chaque jour plus nombreux.

    Un seul objectif, un seul mot d’ordre : grève générale reconductible
    le 10 novembre 2008 !

    Très vite, des collectifs locaux se forment. Déjà 31 relais à ce jour, répartis sur toute la surface de l’hexagone.

    Citoyen, homme, femme, syndicaliste, militant, ouvrier, paysan, commerçant, artisan, cadre, étudiant... Le Conseil national de la Résistance, c’est eux, c’est moi, c’est vous !

    La casse du modèle social français, issu du glorieux Conseil national de la Résistance, doit cesser. La mondialisation libérale qui nous exploite a franchi les bornes du supportable.

    Quand le pouvoir légal usurpe les pouvoirs du peuple, le peuple a le devoir de se rebeller.

    C’est à chacun d’entre vous d’agir, maintenant !

    Pour participer à la défense du modèle social que nous envient toutes les nations de cette planète, dans votre entreprise, renseignez-vous, pour savoir comment déposer votre propre préavis de grève, contactez vos syndicats, rejoignez un comité local de la résistance.

    La grève générale reconductible du 10 novembre 2008 ne sera pas décrétée par en haut, c’est vous, partout, qui allez la faire naître et participerez ainsi à la construction d’une véritable alternative à l’exploitation que nous subissons toutes et tous.

    CnR ,-)

    Conseil national de la Résistance : http://www.conseilnationaldelaresistance.fr

    Contact :
    contact chez conseilnationaldelaresistance.fr

  • tu as qu’a faire assistante sociale , comme ça tu pourras mette ne pratique ce que tu ennonces ci dessus

  • resitance passive héhéhéhé , pendant ce temp le gouvernement ump passe activement des loies liberticides et anti sociale
    ta raison continu à resister passivement , et comme ça les gouvernements de droite auront le champ encore plus libre pour passer des loie activement (demeuré)

  • bravo bravo oui à la résistance passive et ce n’est pas fini ! nous travaillons pour le bien être de la personne pas pour le confort aveugle d’une hièrarchie ne l’oublions pas.

  • je suis présidente d’une association pour le bien des sans domicile et démunis sans oublier les cas dures ? et je suis d’accord avec vous pour la lettreà mon assistante sociale
    ici vers chez moi c’est idem les personnes sont a mon gout pris pour des moins que rien ,pour eux le salaire qui ont n’ai pas mériter ou bien ils ont peur de donnez de leur poche ,ou est la solidarité et la légalité bien je préfère m’ arrétè car il y a trop a dire sur eux ?

  • Bravo quel culot dans ce monde de frileux et frileuses ou pire de collabo.
    Bon il y a bien sur des exceptions ... mais c’ est rare, très rare.
    J’ attends que l’ on me prouve le contraire.

  • "Travailleurs sociaux,
    Travailleuses sociales,
    quelques idées pour faire enfin du bon boulot.

    Réferent-e-s RMI, assistant-e-s social-e-s de quartier ou de la CAF, vous aviez choisi ce boulot parce que bêtement vous vouliez aider les gens."

    Oui, c’est dommage que l’intro soit sur ce ton là parce que le reste du texte n’a rien d’autain et puis c’est aussi aux travailleurs sociaux de faire la part des choses. Je pense que beaucoup d’entre eux/elles sont pret à entendre des reproches.

  • A la fois la dernière guerre mondiale c’était il y a plus de 60 ans... je suppose que les assistantes de l’époque sont depuis longtemps à la retraite ou mortes. Alors peut-être que c’est plutôt aux AS d’aujourd’hui de tirer des enseignements des anciennes et de ne pas appliquer de manière soumise les directives de leur hiérarchie.
    D’ailleurs il est clair que le texte vise à sensibiliser les AS qui travaillent aujourd’hui au flicage social, même si l’on peut regretter le ton supérieur militanto-limitant qui fait office de répulsif sur des revendications pourtant légitimes.

  • hummmmmmmmmm je lis, je lis.

    Moi j’adore lorsque les gens pensent à ma place et me conseillent ...

    y’a qu’à faucon ....

    Désolée mais il y a longtemps, très longtemps que nous appliquons, pour une grande majorité d’entre nous, ce que vous développez si longuement.

    Je vous rappelle aussi que pendant la dernière guerre mondiale 4 assistantes sociales ont été déportées sur Buchenval (sans voyage retour) parce qu’elles se rebellaient et aidaient les personnes détenues à Drancy et au grand mépris de toute la population.

    Le problème voyez-vous n’est pas tant d’écrire aux AS mais plutot aux politiques et d’avoir une attitude et des actions politiques .....

    Une AS qui n’a pas trop aimé votre lettre ....

  • Super cet article.
    Au CUAD42 (Collectif Unitaire Anti-Délation de la Loire), où il y a des AS mais aussi des RMIstes, et d’autres professions, on est en plein boulot sur cette thématique particulière : avec une action remarquée à la DATA (cours Fauriel) l’année dernière. Et la mise en place de difs de tracts qui interpellent les professionnels, mais aussi les usagers (pour qu’ils se défendent et ne reste pas isolés), de permanences ...
    Cet article est exactement dans l’esprit de notre action.

    Je vais le faire suivre.
    Au fait, on a besoin de vous tous, surtout les précaires, RMIstes, les travailleurs sociaux, mais aussi toutes les autres professions, car plus nous seront nombreux, plus grande sera notre action. Le travail social n’est pas notre seule thématique. Il y a l’éducation, la société sécuritaire et etc ...

    La prochaine réunion « Plénière » du collectif sera le mardi 2 octobre.

    En tout cas je reste à disposition pour qu’on en parle, si vous avez le goût ... passez-moi un mail.

    Ramon

  • La resistance existe, par exemple : une assistante sociale en garde à vue cet été car elle refuse de collaborer avec la police :

  • cool, bien joué,
    bonnes propositions

  • Je suis entièrement d’accord avec le fond de ce texte et avec les propositions, mais c’est vraiment se tirer une balle militante (limitante) dans le pied que de l’écrire sur le ton du donneur ou de la donneuse de leçon, pédant, docte, pas complice pour un sou, alors même que cela en appelle à la complicité avec les usagers contre la bureaucratie. Dommage, encore un acte à côté de la plaque, enfin on ne les compte plus dans les luttes occupationnelles pour chômeureuses-rmistes.

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