Actualité et mémoire des luttes à Saint-Étienne et ailleurs
ACTUALITÉS MIGRATIONS - SANS-PAPIERS
Publié le 21 mars 2006 | Maj le 1er janvier 2019

Les dangers du réformisme dans les luttes sociales :


Le petit texte qui suit est tiré de certains de mes écrits d’il y a quelques années

Nous en avons fait l’expèrience, à une échelle locale, lors de la lutte contre les dernières lois anti-immigrée (année 2000-2001) de J.P. Chevènement, au sein du collectif des sans papiers de St-Etienne. Collectif qui représentait assez bien, à mon seul avis, l’allure politique que devait avoir les autres collectifs au niveau national. Les personnes mettant le plus en danger la régularisation des sans papiers n’étaient pas forcément les policiers (même s’ils nous surveillaient de très près à l’époque lors des rassemblements place J. Jaurès), mais des personnes situées à gauche (LDH, PS et un maoïste).

Le maoïste, qui s’investit pas mal il faut le reconnaître, nous fit perdre un temps monstre, quasiment à chaque réunions. Il fut pour moi une rencontre cruciale, au sens ou son attitude « théatro-grande gueule » illustra de façon concrète les discours anarchistes que j’avais pu entendre, dénonçant les manipulations et le sabotage que peuvent exercer les extrême - gauchistes à la fois sur les masses quand ils sont au pouvoir et sur les individus quand ils sont inscrits dans leur logique de conquête du pouvoir (en vue des élections par exemple) dans des collectifs locaux. Quant aux autres personnes, plus à gauche, même si elles étaient inscrites et s’investissaient dans le collectif de sans papiers de façon tout à fait honnête, elles ont de fait participées, à leur échelle locale, à ce que le mouvement des sans papiers adopte, au niveau national, des revendications réformistes et non de rupture.

C’était là , les deux tendances de revendications qui s’opposaient au sein du collectif de Saint-Étienne et partout en France d’ailleurs et comme bien souvent, comme partout dans le monde. Les revendications de ruptures, autrement dit, la régularisation définitive de tous les sans papiers sans distinctions, avec des cartes de séjour de 10 ans au plus bas représentais la première tendance. Si elle avait un but fort ambitieux qui pouvait paraître utopique, elle avait l’avantage de pouvoir constituer un mouvement plus massif et plus solidaire de sans papiers. De l’autre coté, il y avait, les revendications réformistes (qui prévalurent au final), soit, une régularisation au cas par cas avec des cartes d’un an ou plus selon les cas. Cette seconde tendance qui pouvait paraître plus réaliste et plus accessible a été très néfaste à long terme pour le mouvement. Elle a effectivement permit à des sans papiers d’être régularisés avec des cartes de séjour d’un an pour la plus part (et qui sont donc aujourd’hui, il faut le souligner, retombées dans la clandestinité), mais elle a surtout par ailleurs, briser la solidarité et donc diminuée la capacité numérique du mouvement des sans papiers, qui était potentiellement une de ses force première. Le pouvoir en place à l’époque avait donc les mains libres pour faire le tri et le ménage chez les sans papiers. Il ne s’est pas gêné et nous connaissons parfaitement quelle est la situation actuelle des personnes mises dans la clandestinité par les Etats.

Le terme mis en clandestinité est à mon avis préférable à celui de sans papier : le premier terme sous-entend que l’Etat est coupable de marginaliser et de priver un individu d’un de ses droit fondamental. Le second repose la faute sur l’individu et sous-entend qu’il est dans l’illégalité et méritant donc une sanction, en l’occurrence, une expulsion du territoire.

Cette expérience, vécue à travers le collectif des sans papiers de Saint-Étienne, m’a fait prendre conscience de l’aspect pervers du réformisme. Qu’il soit de gauche ou même d’extrême gauche (si l’ont considère que cette dernière est aujourd’hui bien moins radicale que le parti socialiste du début des années 80 et qu’elle n’a pour ainsi dire, rien d’extrême), il ne fait que retarder, en cadrant, divisant, récupérant la contestation, un mouvement de masse en rupture avec l’ordre établi - peut être aussi une révolution (?) Je simplifie sûrement un peu.

proverbe anarchiste : « Celles et ceux qui se sont sagement limité-e-s à ce qui leur paraissait possible n’ont jamais avancé d’un seul pas. »


Proposé par mario
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