Actualité et mémoire des luttes à Saint-Étienne et ailleurs
ACTUALITÉS ÉDUCATION - PARTAGE DES SAVOIRS
Publié le 9 mars 2004 | Maj le 17 décembre 2018

Confédération des jeunes chercheurs - Communiqué de presse -Des demi-mesures qui ne parviendront pas à amadouer les chercheurs !


Après un grand suspense, Mme Haigneré, ministre déléguée à la Recherche, a annoncé quelques mesures vendredi 27 février.

Celles-ci pourront difficilement répondre aux inquiétudes exprimées depuis des mois par les acteurs de la Recherche notamment au travers de la pétition du Collectif « Sauvons la Recherche », qui rassemble aujourd’hui plus de 130 000 signatures.

Le déblocage de 300 millions d’euros, annoncé à grand renfort médiatique, correspond à une somme due par l’état à ses organismes de recherche et déjà promise en décembre 2003. Il n’y a donc là aucune bonne surprise ! Cette bulle d’air ne suffira malheureusement pas à endiguer la crise que connaît le monde de la recherche.

La Confédération des Jeunes Chercheurs juge l’ensemble de ces mesures dérisoire. Les attentes des chercheurs ont pourtant été formulées clairement depuis longtemps. D’aussi modestes mesures ne pourront rétablir la confiance perdue, et pourtant nécessaire pour engager un processus de réflexion sur l’avenir de la recherche en France.

Devant les annonces de Mme Haigneré, il paraît utile de rappeler les demandes des chercheurs.

Une première depuis 1945 : Suppression de 550 postes stables dans les organismes de recherche

La CJC estime nécessaire de repenser l’ensemble de la palette d’emploi scientifique en profondeur. Mais qu’hors de toute concertation, des postes stables soient supprimés et remplacés par des CDD relève de la maladresse si ce n’est de la provocation. Aucune réflexion sérieuse sur le fonctionnement de la recherche et sur une gestion pluriannuelle de l’emploi scientifique n’a précédé cette mesure. Sa ressemblance avec les « contrats de mission » révélent le caractère purement idéologique de cette décision.

Les signataires de la pétition exigent le rétablissement de 550 emplois stables de chercheurs et d’ingénieurs de recherche.

Les 120 postes que propose de créer le gouvernement montrent l’incohérence de la politique actuelle. Alors que la recherche est déclarée une priorité nationale, on assiste à la destruction d’une partie des perspectives d’embauches stables pour les jeunes chercheurs. Rappelons qu’au concours de chercheur au CNRS cette année, en moyenne 21 candidats se disputeront 1 poste !

L’absence de création d’emplois d’enseignant-chercheur dans les universités va malheureusement dans le même sens. Là aussi, les chercheurs attendent un geste de la part du gouvernement.

Ces mesures auraient pourtant un coût dérisoire pour l’État, de quelques dizaines de millions d’euros.

Des « mesurettes » pour les doctorants

La CJC dénonce la médiocrité des propositions « annexes » de Mme la Ministre. La mise à disposition de 300 Allocations de Recherche (AR) supplémentaires, après en avoir supprimé autant cette année, n’est qu’un os à ronger. Cette mesure ne représente qu’environ 6M€ et ne peut être considérée comme un effort significatif.

L’avancement à mai 2004 de la revalorisation du montant de cette même allocation, prévue initialement en octobre 2004, ne coûtera quant à lui que 4M€. Il permettra tout juste d’empêcher que le montant de ce salaire versé à environ 12 000 chercheurs doctorants ne passe en dessous du SMIC lors de l’augmentation de celui-ci en juin prochain !

Le graphique ci-joint retrace l’évolution du montant de l’AR par rapport au SMIC, depuis la création de celle-ci en 1976. Le constat est éloquent ! Lors de la mise en place de ces contrats de travail pour jeunes chercheurs, l’idée était de proposer un système attractif, avec un salaire à 50% au dessus du SMIC de l’époque. Malheureusement, l’absence de mécanisme d’indexation a conduit à une dévalorisation de ce salaire. En 1988, pour pallier cette chute, le ministère de la Recherche augmenta significativement l’AR de +36.6%. Aujourd’hui, alors que la situation est similaire, les +15% dilués sur 3 ans obtenus de M. Schwartzenberg puis de Mme Haigneré sont loin de contrer la perte d’attractivité de ce salaire. Il est temps qu’un geste significatif soit fait pour pallier à cette dérive.

En annonçant unilatéralement la mise en place d’un comité d’experts pour le pilotage des futurs Etats Généraux de la Recherche le gouvernement montre à nouveau sa définition de la concertation.

La CJC réitère donc son soutien au collectif « Sauvons la Recherche »

Nous voulons encore croire qu’une solution est possible avant le 9 mars. En souhaitant une loi de programmation de la recherche, en souhaitant une concertation avec la communauté scientifique à travers l’organisation d’Assises, et en acceptant la négociation avec un mouvement dont l’ampleur est historique, le gouvernement a pris la bonne direction.

Concernant plus spécifiquement les jeunes chercheurs, des signes positifs sont aussi à souligner. L’amorce, certes modeste, de la transformation des financements par « libéralités » (bourses sans cotisations sociales) en véritables salaires est une réponse à des attentes formulées depuis des années par la CJC. La confédération se félicite de l’attention que Madame la ministre semble accorder au « rapport sur les conditions illégales de travail des jeunes chercheurs » qu’elle lui a remis début février. Elle espère que des mesures seront rapidement prises à ce sujet.

Satisfaire les demandes du collectif « Sauvons la recherche » permettrait de rétablir un minimum de confiance entre la communauté scientifique et les dirigeants français et nous pensons que cela est vraiment indispensable.

Confédération des jeunes chercheurs - Communiqué de presse
PARIS, le 29 février 2004.

P.-S.

Portfolio


Proposé par dial
Partager cet article
modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Se connecter
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Comment publier sur lenumerozero.info?

Le Numéro Zéro n’est pas un collectif de rédaction, c’est un outil qui permet la publication d’articles que vous proposez.
La proposition d’article se fait à travers l’interface privée du site. Voila quelques infos rapides pour comprendre la publication. Si vous rencontrez le moindre problème, n’hésitez pas à nous le faire savoir via notre mail lenumerozero [at] riseup.net

 

NEWSLETTER

Lire aussi dans ÉDUCATION - PARTAGE DES SAVOIRS

PROCHAINS RENDEZ-VOUS

À la une...

S’opposer au massacre à Gaza ! Un point de vue anarchiste
Publié le 24/04/2024

1er Mai contre la prison
Publié le 24/04/2024

Soirée de soutien à la tauto-école Slow&Furious
Publié le 24/04/2024

Conférence sur France travail
Publié le 22/04/2024

Ouverture de l’Hérissé·e
Publié le 19/04/2024

Quatre rendez-vous dans la Loire au sujet des Mégabassines
Publié le 19/04/2024