A lire sur Le Numéro Zéro

Il était une fois une petite croix que l’on surnommait gammée. C’est une simple croix faites de 4 traits repliés à l’équerre et reliés les uns aux autres en un point central, a priori assez facile à reproduire.

Elle est née il y a fort longtemps, à peu près en même temps que l’agriculture. A sa naissance elle était dessinée par la main des humains en décoration. Beaucoup l’ont dessinée et reproduite tout au long de l’histoire jusqu’à ce qu’elle devienne un symbole fort pour des religions comme l’hindouisme et le bouddhisme. Cette croix avait un sens, dessinée avec les branches de droite repliées vers le haut, elle s’appelait Svastika et symbolisait le bien-être.

Et puis un jour, elle a été retournée et dessinée dans l’autre sens. Elle est devenue le symbole du régime nazi, d’une idéologie totalitaire et raciste, défendant l’idée que « la race aryenne » était supérieure aux autres. Adolf Hitler et les nazis ont mis en place un système d’extermination de tous ceux et toutes celles qu’ils considéraient comme un danger pour « la pureté de cette race ». Majoritairement juives mais aussi tziganes, handicapées, homosexuelles, opposantes politiques, ce sont plus de 6 millions de personnes que ce régime politique a méthodiquement pourchassées et tuées.

Depuis, ce symbole n’est plus utilisé dans les espaces publics, il y est interdit car considéré comme faisant l’apologie de crime contre l’humanité. Ce n’est pas un signe comme un autre, il représente la persécution et la haine envers des millions de personnes dont le tort était d’être différentes de leurs bourreaux.

Cette histoire ressurgit sur les murs et vitrines de Saint Julien Molin Molette trop souvent. La banalisation de l’usage de la croix gammée est le reflet d’une période où s’installent l’intolérance et le rejet de l’autre.
Attaque de migrant.es à la frontière italienne, incendie de mosquée, loi sur le séparatisme, répression très forte sur les modes de vie des gens du voyages, tabassage de personnes homosexuelles ou transsexuelles etc. Que ce soit le fait de groupuscules d’extrême droite, d’organisations identitaires ou de politiques publiques, cibler des boucs émissaires n’a jamais solutionné les difficultés du quotidien.

D’un symbole tagué à la mise en place d’un système autoritaire et xénophobe, il n’y a qu’une longue continuité de petits et grands actes que l’on peut contrer. L’antifascisme est l’affaire de toutes et tous.

Nous vivons dans ce village et sommes heureux et heureuses de la présence de personnes étrangères, de la diversité des modes de vie, des orientations politiques, religieuses et sexuelles multiples. Les différences, même si elles peuvent être porteuses de conflits, restent une richesse que nous voulons défendre et partager.

Des habitant.es de Saint Julien Molin Molette