RDD
L’association « Rues du Développement Durable » est fondée en 2009 et a pour face la plus visible les locaux situés juste aux pieds des marches du Crêt de Roc, rue Salengro (à 1mn de la Préfecture). Mais RDD a pour but affirmé de réaménager les rez-de-chaussée vacants de tout le quartier du Crêt de Roc. « Pour rendre le quartier plus solidaire, plus convivial, plus économe, plus participatif et plus créatif » : un condensé d’alternatives pas méchantes, voire chouettes. Mais qui, concentrées, sont un vecteur potentiel de gentrification de la fameuse colline. Des membres de l’asso s’en défendent, arguant que le quartier reste cosmopolite. C’est se fourvoyer naïvement quand à ce processus, qui peut prendre plusieurs dizaines d’années pour voir un quartier totalement transformé : il reste toujours des familles immigrées à la Croix-Rousse lyonnaise ou dans le Panier marseillais, perdues au milieu du carnage clinquant. Il est d’ailleurs à noter que ces deux quartiers (en pente et très proches de la Mairie eux aussi) se sont toujours enrichis du bas des pentes vers le sommet, progressivement.
D’autres membres de l’asso assument par contre publiquement doutes et questionnements quand à leur rôle dans tout ça. Et c’est bien là que réside la meilleure position pour ne pas exclure des gens d’un quartier où illes vivent. Douter, garder du recul sur ses actions pour participer le moins possible à cette lente éviction. Parions, en toute franchise, que n’importe quelle personne qui a écrit ou va lire cet atrticlr peut par ses habitudes dans la ville, les actions et collectifs auxquelles ille participe, les lieux où ille traîne, se retrouver vecteur de ces changements de populations d’un quartier. Tout le monde a une responsabilité dans ce « truc si complexe ». Mais il reste une différence notable sur laquelle s’appuyer pour juger d’une action de quartier : tout le monde n’accepte pas de financement direct d’un aménageur comme l’EPASE [1] pour créer de nouvelles dynamiques urbaines ! Et une fois passé ce pas, il semble hypocrite de s’imaginer qu’on n’était pas au courant, avouons-le… « La quasi disparition de nombreux commerces de proximité laisse en friche des dizaines de boutiques au rez-de-chaussée des immeubles. Dans ce contexte, il n’est pas utopique de penser que des activités et des services à finalité solidaire écologique, sociale et durable puissent contribuer à revitaliser ces ‘mini-friches’. », nous vante RDD sur son site. Mini-friches à mini-fric équitable donc alter-acceptable ; CQFD.
Depuis 2018, histoire d’être pure et honnête dans son indéfectible lien avec le Crêt2Roc, RDD a rejoint l’équipe de CoopRoch, sous commande de l’EPASE, et rénove en ce moment, à deux km de leur berceau, près de la fac, le Quartier Saint-Roch (avec d’autres alter-expertEs, sociologues, et architectes stephs...), avec sa sauce épicée au mode consultatif cette fois... Let’s Roch again !
CARTON PLEIN
Collaborateur régulier de l’EPASE, créée en 2010. Pendant 5 ans, l’asso concentre ses activités à La Cartonnerie, près du Viaduc de Carnot : projets collectifs, pluridisciplinaires et ancrés dans la ville. Super. Elle a l’air sympa et fun. Rien à dire ?
« Elle propose ici et ailleurs l’exploration sensible de sites, des installations artistiques In Situ, des aménagements éphémères ou semi-pérennes, des temps de sensibilisation et d’échanges, un observatoire des usages et un cadre de recherche/expérimentation sur la fabrique de la ville. CARTON PLEIN souhaite (...) participer à l’évolution des modes de conception de l’espace public et à l’invention de nouveaux modèles d’urbanité, tout en gardant comme socle fondamental le loufoque, le décalage et l’humour. » (cf. https://carton-plein.org) Qui s’opposerait à un peu d’humour dans la grisaille ?
En 2015, pour la 9e Biennale, l’asso met en place le B.E.A.U. « Le Bureau Éphémère d’Activation Urbaine s’est implanté pendant un mois au cœur du quartier Jacquard (...) avec le soutien de l’EPASE. C’est le prototype d’un outil d’urbanisme multiforme centré sur les rez-de-chaussée du quartier qui amorce le changement. »
« Nous avons profité de cet événement pour créer un temps inédit, une impulsion puissante, et fédérer toutes les bonnes volontés. C’était l’occasion rêvée de dérouter les visiteurs jusqu’à nous, au cœur de la Ville Créative pour qu’ils contribuent à leur tour à la réflexion en cours (...) afin de prototyper des activités nouvelles au cœur du quartier Jacquard en pleine mutation. » Les rez-de-chaussée sont retournés à l’abandon par la suite, freinant un peu le processus à Jacquard ; erreur qui ne sera pas renouvelée dans les grands plans de l’EPASE qui suivront.
À la suite de cela, histoire d’être pure et honnête dans leur indéfectible lien avec le quartier Jacquard, la bande déplace ses cartons (toujours financés par l’EPASE, scotch compris) en hypercentre pour retrouver d’autres acolytes et préparer pour la 10e Biennale, l’aventure « Ici Bientôt » en 2017.
(À noter que depuis, Carton Plein a bougé ses affaires « dans le village de Job, bourg de 1000 habitants du Puy de Dôme. »)
ICI BIENTÔT
Avec le déplacement de la CAF, de la Sécu et de la Comédie (R.I.P. Jean Vilar), on pouvait se douter que l’EPASE avait des idées pour le quartier Beaubrun. Laisser se prélasser le Barbès stéphanois à trois mn de bottines (cirées) de la mairie ? Que nenni ! Il faut vernir le centre-ville !
En 2017, pour la 10e Biennale, l’EPA regroupe donc Carton Plein et le CREFAD Loire dans l’immeuble à l’angle Rue de la Résistance / Rue de Beaubrun. Naît « Ici Bientôt ».
Le CREFAD a pour credo l’éducation populaire, et « a pour but de développer, soutenir et mettre en réseau des projets qui visent à promouvoir l’autonomie de pensée et d’action des individus / Etablir des rapports humains, économiques et sociaux, solidaires et équitables / Lutter contre les inégalités, les habitudes, les intolérances et notamment celles liées à l’accès à la culture. »
Super. Qui pourrait être contre ? Les propositions sur leur site sont intéressantes et semblent pertinentes. Mais pourquoi les coupler à une opération immobilière ciblée par l’État et la municipalité ?
La rue piétonne a vu, à la suite de cela, s’ouvrir nombre de commerces et initiatives citoyennes (bar à thé vegan, boutique à cigarette électronique, atelier de bricolage participatif...), sortant les vitrines de leur vacance(s). Et qui cette fois seront financièrement aidées plus longtemps pour leur permettre de pérenniser leur activité.
Pour créer le lien avec la population du quartier, l’Asso « Terrain d’Entente » (pédagogie sociale en action directement dans les rues avec les jeunes et les femmes du quartier, sans locaux et presque sans financement ; une vraie équipe de terrain, elle, pour le coup) s’est vue proposer un local en haut de la ruelle, en guise de reconnaissance, à n’en pas douter. Couscous et thé à la menthe. Super. On intègre les populations d’origine immigrée au processus, pour une fois. Super. Bien entendu, leur espace est le premier à fermer après la Biennale. Surprise ou manque de rentabilité ? Peu importe, la pilule est passée sans fausse route... La suite Bientôt !
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