Le meilleur ciment du peuple de « Saint-Bo charmant village gaulois » serait-il une franche hostilité à l’égard des prisonniers et un mépris à l’égard de leurs proches ? Rassemblés au sein du collectif NON A LA PRISON DE SAINT-BONNET LES OULES, leur mot d’ordre est sans surprise et sans équivoque "Oui à la prison, chez les autres".
Mais voilà , et si nous faisions un pas de côté en affirmant :"Non à la prison ni ici ni ailleurs". Ne jouons pas les cartes de la malveillance à l’égard des prisonniers et leurs proches ni de la partialité pro-administration pénitentiaire, pourtant si habituelles de la part des médias. Chers lecteurs et lectrices, pour réfléchir plus intelligemment au projet de Saint-Bonnet-les-Oules et comprendre le rôle de la prison dans la société, voici le plan d’action :
Allumons Radio Dio sur 89.5 fm ou ouvrir son streaming sur l’Internet, et écouter l’émission anti-carcérale Papillon. C’est les 1er et 3e jeudis du mois de 20h à 21h. En une heure d’antenne, et ce depuis 2007, les animateurs et animatrices relaient les luttes et les combats des prisonniers. Ils sont aussi proches de prisonniers et savent de quoi ils parlent. La radio est le seul média, le seul espace d’expression non censuré en prison. Il est donc important de se l’approprier quand on est à l’intérieur et quand on est un proche. Toutes les émissions Papillon sont disponibles sur le site internet du Numéro Zéro qui publie aussi d’autres initiatives sur le même sujet.
On pourra aussi lire L’Envolée, journal contre toutes les prisons, créé en 2001 par d’anciens prisonniers et des proches qui animaient une émission radio parisienne éponyme. Selon Le Canard enchaîné, c’est le journal le plus censuré de France, voire d’Europe car il est régulièrement bloqué par l’administration pénitentiaire qui dans le même temps, bloque les courriers des prisonniers qui écrivent au journal. L’Envolée c’est environ 3 numéros par an et il est à retrouver dans deux librairies stéphanoises - L’Étrange Rendez-Vous et Lune et l’autre - ainsi qu’à l’espace autogéré la Gueule Noire. 2 euros le numéro et 15 euros l’abonnement. Y’a pas d’erreur, c’est le soutien qui veut ça. Et puis sinon, il est gratuit pour les prisonniers. Quoiqu’il en soit tous les numéros sont consultables en ligne. Oh yeah !
...Les nouvelles prisons sont construites par les seigneurs du béton et il faut les rentabiliser. On fait rentrer du monde à travers une politique répressive et en même temps c’est une main-d’œuvre bon marché. La délinquance, elle est cotée en Bourse à travers les Dumez et les Bouygues. On ne le dit pas mais quand ils font un plan de construction, ils créent de la délinquance et eux-mêmes le disent encore, il faut créer des places de prison, faire rentrer les gens là -dedans. Dans ces prisons-là , les détenus qui ne cantinent pas, ils les transfèrent à Fresnes ou Bois-d’Arcy car dans les nouvelles prisons tu n’es pas là pour recevoir du sucre ou de la Ricoré de l’administration. Tu dois cantiner et les prix sont deux fois plus chers qu’à l’extérieur. Et à l’atelier, vous êtes payés d’un crachat dans la figure ; c’est des prisonniers qui font tourner des entreprises extérieures. Bouygues fait la prison, l’entreprise du coin recrute la main-d’œuvre et tout est bon ! On marginalise les détenus pour rentabiliser les prisons. La délinquance c’est devenu une industrie. Tout ça c’est bien goupillé...
Extrait d’un texte de Serge-Philippe Dignon, in édito du journal L’Envolée, n°45
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