Le journal est téléchargeable au format pdf ici
EDITO
À Marseille, des immeubles s’effondrent rue d’Aubagne et causent la mort de huit personnes.
Face à la gare de Toulouse, des appartements vétustes s’enflamment ; une vingtaine de blessé·e·s.
Le 20 Mars 2019 à Sainté, tandis que le gratin inaugure la Biennale du design, la police enfonce les portes d’un squat et met une dizaine de familles à la rue.
Quel point commun ?
Des millions d’euros engagés dans ces quartiers par les municipalités et les acteurs publics pour « revaloriser » les places, les façades et les parcs, mais bien souvent, au mépris de celles et ceux qui y vivent concrètement, au quotidien.
Une certaine idée de la ville est en train de s’affirmer : La métropole, toujours plus compétitive, vend une image bien éloignée de la réalité des habitant·e·s.
Apparemment, on ne vit plus en ville ; on s’en sert, on y produit, on y élabore, on y est créatif, on s’y connecte, on colle à son image, on en devient un usager.
Dans ce paysage, Saint-Étienne n’est pas en reste, à coups d’anglicismes, de start-up et d’expériences design, la ville est appelée à changer de visage, à se faire plus séduisante qu’elle ne l’est, plus innovante encore. Et Saint-Étienne compte, entre autres, se réinventer grâce aux bienfaits du design, récit fabriqué de toutes pièces : celui d’une ville baignant depuis toujours dans l’innovation et dont les ouvrier·e·s des grandes industries, armurier·e·s et passementier·e·s, seraient les fiers précurseurs.
Il nous faudrait choisir entre Saint-Étienne capitale des taudis – selon les mots d’une journaliste du Monde en 2014 – et Saint-Étienne capitale du Design. Franchement, on s’en fout, et bien d’autres questions demandent à être posées avant ça :
Comment vit-on en ville quand on a pas de papier d’identité ? Quand on a un emploi précaire ?
Lorsqu’on est isolé·e ? Pourquoi faire un méga centre commercial aux portes de la ville, quand la moitié des locaux du centre sont désertés ? Et puis d’ailleurs, c’est quoi une ville, un quartier ? Et le design, ça sert à quoi ? Et à qui ça profite ?
Ce journal est une proposition : une récolte d’anecdotes, de vécus, de prises de tête, de colères et de récits. C’est un constat subjectif de l’état de la ville par ses habitantes et habitants.
Et puisque la résignation ne fait pas partie de nos projets, puisque la ville regorge malgré tout de vie et d’énergie, nous souhaitons aussi y répondre par une fête : LEUR fête ! Car, comme dans tout carnaval, nous désignons et exposons à la foule ce qui nous enquiquine la vie ; NOTRE fête ! car le carnaval est avant tout un moment de joie, de rencontre et de partage, c’est aussi l’occasion de s’affranchir, aussi joyeusement que possible, des normes et des pouvoirs qui partout dans la ville s’imposent à nous.
Et pour que l’ensemble des propositions qui suivent ne restent pas lettre morte, nous accueillons toute critique, coups de gueule, réponses, invitations ou déclarations d’amour à l’adresse suivante : carnavaal chez riseup.net
Bonne lecture
SOMMAIRE
* Édito /p. 2
* Gentrifier Sainté /p. 4-5
* L’ EPASE, un acteur de l’ état au service du futur /p. 6-8
* Quartier Saint Roch, nouveau théâtre de rénovation urbaine /p. 10-11
* Trombinoscope /p. 12-13
* Rencontre /p. 14-15
* Qui S.E.M le vent ? /p. 16-17
* Extrait : L’ empathie de la non-vie design-on l’ ennemi /p. 20-21
* The wire, Tarentaize sur écoute /p. 22-23
* Google et la safe city /p. 24-25
* Se faire une place /p. 26-27
* Pas de repos pour les Lauriers /p. 28
* Rencontre /p. 29-30
* 2048 /p. 32
* Petite chronique d’ un shut-down locale /p. 34
* Horoscope /p. 36
Compléments d'info à l'article