Actualité et mémoire des luttes à Saint-Étienne et ailleurs
ACTUALITÉS ANARCHISME
VÉNÉZUÉLA  
Publié le 28 avril 2008 | Maj le 13 décembre 2020

L’anarchisme au Venezuela, passé et présent


Ceci est un bref aperçu de l’empreinte libertaire dans le processus historique du Venezuela, préparé par les membres du Collectif Editorial de « El Libertario ». Nous espérons qu’il servira de référence utile pour tous ceux qui sont intéressés par le sujet.

L’incidence anarchiste dans l’histoire vénézuélienne a été moins prononcée que dans les autres parties de l’Amérique latine, où elle se manifeste avec vigueur par le biais des luttes collectives, des publications, des personnalités et les débats d’idées. Il est toutefois utile de signaler que cela n’a pas été sans influence sur notre évolution sociale et culturelle.

De la fin du 19e siècle au premier tiers du 20e siècle, certains intellectuels locaux étaient, soit des sympathisants ou des lecteurs tolérants de l’anarchisme, mais rien au niveau de Flores Magón, Barret, Oiticica, González Prada ou d’autres représentants de la pensée anarchiste latino-américaine [Cappelletti 1990] [1]. Les quelques personnes qui ont exploré les voies libertaires ont produit à peine des documents écrits, et après ils ont dérivé vers le positivisme ou le marxisme ; Ici il mérite d’être mentionnée Pà­o Tamayo, qui a enseigné le « socialisme de Marx et Bakounine » à des jeunes activistes anti-Gómez en prison jusqu’à peu avant sa mort en 1936 [Sananes 1987] [2]. En considérant les luttes populaires, les historiens de la guerre fédérale (1859/1863) - le plus grand bouleversement social entre l’indépendance et l’ère pétrolière - soulignent l’influence de Proudhon et le socialisme français sur Ezequiel Zamora, le « Général del Pueblo Soberano » (Général du Peuple Souverain). Le programme du fédéralisme zamorista est clair : « ... l’horreur à l’oligarchie, de la liberté aux hommes et des terres, l’égalité sociale », qui exprime une intention radicale qui a été seulement arrêté par son assassinat [Brito Figueroa 1981] [3].

Au début du 20e siècle, des immigrés anarcho-syndicalistes européens ont contribué à l’émergence des organisations des travailleurs malgré leur retard économique, social et culturel [Rodriguez, 1993] [4]. Ces efforts - La formation des mutuelles, des syndicats, les grèves, et production de propagande, etc. - ont acquis une certaine notoriété, au début de l’ère de l’industrie pétrolière, mais la dictature de Juan Vicente Gómez (1908-35) à brutalement réprimée toute activité syndicale, en l’empêchant de se développer comme il l’a fait dans des autres latitudes. Les quelques militants sociaux qui sont resté dans le pays ont essayé, avec beaucoup de difficultés, de générer une pensée politique, alors que la majorité anti-Gómez dans l’exile, n’étaient pas ouverts à la pensée radicale. Parmi la minorité, l’attractive du bolchevisme russe en expansion s’avéré trop fort pour gagner des adeptes à l’anarchisme. Lorsque cette fraction marxiste retournée après la mort du tyran, il occupe la totalité du terrain de la gauche, en absorbant la poignée de lecteurs et de disciples clandestins de l’idéal libertaire, qui ont même été parmi les fondateurs du Parti communiste vénézuélien (1936) Et Acción Democrática (1941), les deux parties qui, par la suite auront le contrôle du processus d’organisation politique des masses. En outre, la répression anti-anarchiste avait un rang constitutionnel a été mis en œuvre dans ce qu’on appelle la « Loi Lara », qui a été en vigueur entre 1936-45.

Pendant les années 1940 et 1950, des nombreux exilés anarchistes ibériques sont arrivés au Venezuela, et ont dû faire face, non seulement avec le poids de la défaite dans la guerre civile espagnole, mais aussi à un environnement adoptif où les leurs idées étaient considérées comme étranges. L’urgente nécessité de survivre et de la nécessité de s’adapter à un environnement d’autoritarisme brutal, ont été des obstacles supplémentaires à l’organisation des potentiels sympathisants locaux, toutefois, leurs efforts n’ont pas été en vain, et en particulier après 1958 (après de dix ans de dictature militaire), quand a été créé la Federación Obrera Regional Venezolana - FORVE (Fédération des travailleurs vénézuéliens régionaux) affiliés à l’Association internationale des travailleurs (AIT-IWA) -mouvement anarcho-syndicalistes fondé en 1922-, certains groupes spécifiques ont été constitués, des journaux, des brochures et des livres ont été produits, mais peu de cette activité a pu transcender au-delà des cercles plus politiquement conscients des immigrés espagnols [Montes de Oca 2008] [5].

La vague de contestation socio-politique qui a été expérimenté au monde, à la fin des années 1960 - en particulier le mai français de 1968 avec ses indubitables racines libertaires - ont également arrive au Venezuela. Son empreinte est manifeste dans la « Renovación Universitaria » (Rénovation Universitaire) qui a profondément ébranlé les principales institutions de l’enseignement supérieur au Venezuela entre 1968-70, et qu’à maintenu sa présence dans les mouvements d’étudiants et de culture alternative. Toutefois, à l’exception de la diminution de la présence des vétérans espagnols, des années passeront avant que les groupes s’identifient avec l’idéal et la pratique de l’anarchisme, parce que, dans les années 70, le marxisme était encore considéré comme soutien idéologique irremplaçable pour toute proposition révolutionnaire au Venezuela.

Entre 1980 et 1995, il y avait clairement des tentatives d’organisation anarchistes cherchant à se connecter avec les luttes et mouvements sociaux, le Collective Autogestionnaire Libertaire - CAL, était le plus visible. Deux journaux ont été édites, El Libertario (publié par CAL - 9 éditions entre 1985-87) et Correo A (28 éditions entre 1987 et 1995), journaux qu’ont été les points de référence et de réunion pour les activistes, où l’on compte ceux qui sont venus du marxisme, exilés ácratas Latino-Américains et, surtout, les jeunes qui sont venus à l’anarchisme à travers la scène punk. Il convient également noter, à cette époque, l’activité académique et informative de Angel Cappelletti, un anarchiste argentin qui a travaillé au Venezuela pendant 26 ans [Méndez & Vallota 2001] [6]. Malgré les difficultés à faire comprendre et à promouvoir les propositions anarchistes de l’autogestion et d’action directe dans un environnement où ils étaient inconnus ou mal interprété. Mais peu à peu les routes ont été dégagées pour accéder à plusieurs domaines ou des initiatives s’ont exprimé. Et puis, a eu lieu l’explosion populaire le 27/02/1989 appelée « Caracazo », laquelle combiné avec d’autres manifestations nationales, en particulier la crise de la presque totale dépendance à l’égard de l’industrie du pétrole et du modèle politique créé en 1958, et aux événements internationaux (telles que l’effondrement des bureaucraties de l’Europe de l’Est), à ouvert des espaces pour propager l’idéal libertaire.

Les efforts en vue d’associer l’anarchisme aux luttes collectives concrètes sont devenus plus évidents à la réapparition de El Libertario en 1995, dont le groupe de travail s’est appelé d’abord, Commission des relations anarchistes - CRA, et après 2007, le Collectif Editorial El Libertario. Il s’agit de la publication le plus durable dans l’histoire locale libertaire, avec l’édition de 5 numéros chaque année et avec une diffusion importante par rapport à d’autres publications locales et continentales. à côté de cela, il existe des noyaux anarchistes et les initiatives avec un certain nombre de domaines d’intervention et situés dans différentes régions du pays, en mettant en évidence le travail des espaces spécifiques (telles que la CESL, à Caracas, du CEA, de Mérida et de l’Ateneo La Libertaria, d’abord a Biscucuy puis dans la zone rurale au sud-ouest de Lara), l’organisation en janvier 2006, du Forum Social Alternatif de Caracas, l’activité de la Croix Noire Anarchiste, la persistance de la publication de divers matériaux informatifs, et l’impulsion donnée à distinctes manifestations de protestation sociale et d’agitation culturelle. Ce processus a dû surmonter l’épreuve de la « révolution bolivarienne » conduite par Hugo Chávez, qui représente pour les anarchistes seulement que une machinerie démagogique, corrompue, inefficace et militariste, escroquerie qui a trompé un vaste secteur des socialistes locaux et mondiaux, ce qui rend plus difficile le développement des mouvements populaires autonomes, ligne d’action, promue par l’anarchisme vénézuélien.

Bibliographie

* Alterforo (2006). -Boletà­n en español e inglés del Foro Social Alternativo- Caracas.
* Correo A (1987-1995). Caracas (también en : www.geocities.com/samizdata.geo/CorreoA.html).
* El Libertario (1985-1987). Caracas.
* El Libertario (1995-2008). Caracas (también en : http://www.nodo50.org/ellibertario, con amplia sección en inglés).
* UZCATEGUI, R. (2001). _Corazón de Tinta_, Caracas, Naufrago de Itaca.

[El Libertario, #53, Mayo-Junio 2008, Venezuela]

P.-S.

Notes

[1CAPPELLETTI, A. (1990). « Anarquismo Latinoamericano », pp. IX-CCXVI, en A. Cappelletti y A. Rama (Recopiladores) : _El Anarquismo en América Latina_, Caracas, Biblioteca Ayacucho.

[2SANANES, M. (1987). _Pà­o Tamayo, una Obra para la Justicia, el Amor y la Libertad_, Caracas, sin editorial.

[3BRITO FIGUEROA, F. (1981). _Tiempo de Ezequiel Zamora_, Caracas, UCV.

[4RODRà GUEZ, L. (1993). « Conociendo al Anarcosindicalismo Venezolano ». Correo A, Caracas, #22, pp.16-17.

[5MONTES DE OCA, R. (2008) « Anarquismo en Venezuela », Caracas, inédito.

[6MÉNDEZ, N. y A. VALLOTA (2001). _Bitácora de la Utopà­a_, Caracas, UCV (también disponible en varios sitios de Internet).


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