LA TRIBUNE/LEPROGRES Article du jeudi 18 mai 2006 Tribunal de Saint-Etienne : frappée avec une quille de jonglage En marge d'une manifestation anti-CPE, dans un contexte particulier, un débat avait tourné au vinaigre à la CGPME en avril. Outre les tartes à la crème, une femme avait été frappée. Deux mois ferme pour l'auteur du coup. Ce n'était pas l'affaire du siècle. D'ailleurs, hors le contexte et l'utilisation d'une «arme», elle aurait dû se terminer devant un tribunal de police. Les faits sont simples, même si les circonstances sont discutées. Le 11 avril dernier, dans le cadre des manifestations anti CPE, plusieurs dizaines de jeunes gens se rendaient à la CGPME, (Confédération des petites et moyennes entreprises) à Saint-Etienne. Dans la cour, une discussion s'engageait, discussion à priori intéressante jusqu'au moment où quelques tartes Chantilly étaient jetées en direction des interlocuteurs de la chambre patronale. Ce qui avait pour effet de crisper un peu le débat. Il y avait un mouvement de foule, une agitation, le tout dans la confusion. Et c'est dans ce cadre-là qu'une femme de la CGPME recevait un coup à la tête porté par derrière avec une quille de jonglage de la part d'un homme qui n'était pas d'ailleurs en conversation directe avec elle. Cette victime ne cachait pas hier à la barre que, prise à partie, saisie par la peur, face à des «agressions verbales» elle s'était «énervée». A-t-elle eu des propos peu amènes envers certains interlocuteurs? «Elle ne le nie pas. Elle avait peur. Elle avait été bousculée, huée» reconnaissait Me Schwarzenbach, son avocate. De là à lui asséner un coup, aux conséquences heureusement légères dans ce cas-là, (pas d'ITT) il y a un pas, bien sûr, à ne pas franchir, ce que le tribunal rappelait au prévenu, un garçon de 20 ans peu gâté par la vie. Nordiste d'origine, Il a connu les placements à répétition, l'errance dans l'Hexagone et il connaît la grande précarité, c'est clair. «Son geste est idiot, mais tenez compte de ce parcours» disait son avocate Me Fournel. Détenu depuis un mois, le garçon a réfléchi: «Je regrette mon geste. Ca ne justifiait pas de mettre un coup» disait-il au président. On n'en saura pas beaucoup plus sur ce qui a pu l'amener à se montrer violent si ce n'est une montée d'adrénaline mal maîtrisée. Compte tenu de ses antécédents et notamment une condamnation pour dégradations en octobre, Thierry ne pouvait bénéficier du sursis. Il écopait de deux mois de prison ferme, mise à l'épreuve pendant trois ans, avec maintien en détention. Le tribunal décidait toutefois de ne pas appliquer la peine de trois mois de prison avec sursis à laquelle il avait été condamné en octobre. Il devra régler 600 euros à la victime dont la partie civile a été reçue. ALAIN COLOMBET