Tout ne suit pas son cours normal.
Tout suit son cours. Chaque matin, des millions de personnes se traînent au boulot où, la plus grande partie de la journée, elles sont humiliées, abruties et exploitées. Sur les écrans et dans les haut-parleurs, les médias assènent les mots des patrons, des politiciens et des spécialistes. Des sans-papiers sont enfermés dans des camps et déportés. Certains vont chercher l’argent où il se trouve en abondance et s’ils se font prendre, sont condamnés et enfermés en prison.
Tout suit son cours. L’existence de toujours plus de personnes se réduit à des calculs : calculer s’il y aura assez de fric pour payer le loyer ; compter combien de jours et d’heures encore à rester enfermés dans les classes, les usines et les prisons ; avoir les yeux perdus dans des flux de chiffres pour comptabiliser à quel point cette planète est polluée, combien de gens meurent au ou à cause du boulot, combien de réfugiés périssent aux frontières ou dans les commissariats ; calculer, le code pénal à la main, et se convaincre que le prix de la révolte est trop haut.
Mais des personnes rompent avec le cours normal des choses et les calculs permanents. Celles qui n’attendent plus pour se révolter contre tout ce qui les détruit. Celles qui donnent un coup dans la gueule de leur patron. Celles qui se rebellent contre les matons de leur existence et boutent le feu à la taule où elles sont enfermées. Celles qui ne baissent pas les yeux devant un uniforme, un costume, une soutane.
Le 6 octobre 2009, plusieurs associations d’étudiants fascistes organisent un débat à la Haute-Ecole de Gand. Protégés par un dispositif policier impressionnant, ils professent leur message de haine et d’autorité. Cependant, peu après le débat, quatre chefs fascistes sont rossés, tandis que dans la nuit plusieurs feux sont allumés au centre-ville. Pendant qu’ici et là des poubelles partent en fumée, le feu est bouté à des voitures, à deux distributeurs de billets et à des chantiers de construction. Le feu endommage un distributeur de la Banque Fortis/BNP et ailleurs, un distributeur de la Banque de la Poste, qui gère entre autre les comptes bancaires des prisons et des centres fermés. Les flammes lèchent aussi du matériel sur un chantier de l’entreprise Besix qui construit actuellement une nouvelle prison pour clandestins à Steenokkerzeel. Nombre de vitres du Palais de Justice, où les juges infligent au jour le jour des dizaines d’années d’enfermement, sont également brisées.
Suite à certains de ces faits, deux compagnons, Jürgen et Paolo, sont arrêtés. Ils se trouvent actuellement derrière les barreaux en attendant leur procès. Peu nous importe qu’ils soient coupables ou innocents des faits dont l’Etat les accuse. La langue des juges tombera toujours dans l’oreille d’un sourd pour ceux qui portent la lutte pour la liberté au cœur.
Tout ne continue pas à suivre son cours normal, quand nous trouvons la détermination de ne plus passer notre vie à genoux. Et cette détermination, ils ne la briseront jamais, pas même avec tous leurs flics, leurs juges et leurs prisons.
Liberté pour Jürgen et Paolo, liberté pour tous
Contre toute autorité, pour l’anarchie
Compléments d'info à l'article